RÉSUMÉ:
Aujourd’hui, la sorcière est réduite à une image caricaturale. Mais avec la sorcellerie, tout devient possible, même le plus invraisemblable et il est facile d’inventer des choses et de dire n’importe quoi. Comment, pourquoi, la femme s’est-elle soudain changée en sorcière?
Dans l’Antiquité, on parle plutôt de la « magicienne » dans les textes grecs et latins. Magicienne est Circé, tout comme Médée aussi est magicienne. Mais à l’image enjôleuse de l’enchanteresse s’oppose l’image maléfique de celle qui donnera naissance à la sorcière. Le diable est aussi associé au péché originel. Celui-ci chasse l’homme du paradis terrestre et le livre à lui-même, en proie à l’angoisse devant choix et conséquences. L’homme est aussi tiraillé entre le bien et le mal, entre ses bons et mauvais penchants. Lui seul se sauve ou se damne et, si le diable est là, constamment présent, tentateur, séducteur, pour inciter à la facilité, la vigilance s’impose. Reflet de toutes les peurs, de tous les phantasmes, d’une société malade, le diable deviendra bientôt la cause de tous ses maux et sera tout naturellement associé à la femme, elle-même liée au péché originel.
Au sens strict, le mot hérésie implique tout crime commis contre la foi, toute croyance contraire. À l’époque où la science est encore incomprise et vaste, la pensée du Moyen-Âge est limitée face aux phénomènes inexplicables. En s’efforçant constamment de retourner à l’origine des choses pour les comprendre, la pensée médiévale, allant à l’encontre de la véritable connaissance, a établi des rapports de signification et de finalité là où il fallait chercher des rapports de causalité; elle a mis l’accent sur un symbolisme conférant à chaque chose valeur de signe, contribuant ainsi au développement des superstitions. Entravée par la foi, la raison ne pouvait parvenir à une réelle indépendance. Se sont développées alors de fausses croyances face à toutes sortes de choses.
Dans un monde où le surnaturel est partout, le moindre événement, le moindre fait, le moindre comportement sortant de la norme peut devenir objet de méfiance et de suspicion, et cela entre pour une grande part dans les accusations de sorcellerie issues des masses. On se méfie de tout ce qui est inhabituel, on se méfie de l’utilisation de certaines choses, de certains métiers, des étrangers, de ceux qui détiennent le moindre pouvoir…Ainsi le comportement le plus banal de la vie quotidienne peut, dans un contexte déterminé, conduire aux pires accusations qui reposent sur des rumeurs. Ainsi, tout le problème de la sorcellerie repose sur une accusation banale. En créant « la sorcière », on conférait une réalité à des phantasmes qui, loin de se dissoudre, se sont au contraire grossis des prétendus raisonnements du discours démonologique, contribuant ainsi à leur donner une structure justifiant tous les fanatismes.

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