« Les féministes me persécutent, me prennent pour Belzébuth / Comme si c’était d’ma faute si les meufs c’est des putes »
Courez Courez, Orelsan
Comment la culture rap, malgré les revendications sociales qu’elle porte, contribue au maintien de la culture misogyne, au sein de notre société?
INTRODUCTION
- Picasso, dissocier l’artiste de l’art?
- Conflit cognitif? Peut-on être féministe et aimer le « gangsta » rap? Paradoxe et contradiction
- “Ouais t’es féministe et tu nous soûles parce qu’on utilise le mot “pédé” pour rire, par contre quand il s’agit d’écouter des gros sons qui traitent les femmes comme de la merde là ça te dérange pas.” dualisme! wokisme…
La banalisation du message (misogyne) véhiculer par certain rappeur
- « je vais rentrer au pays marier quatre grognasses qui m’obéissent » – Illégal, Booba
- Commençons d’abord par La Fouine, analysons sa chanson intituler Sexe et Money (3,4 Millions d’abonnées sur Youtube)
- « Pétasse suis-moi dans mon hôtel, j’vais te faire la sère-mi toute la nuit/ Toi et moi c’est juste pour le sex girl, arrête de croire que t’as un canon entre les cuisses !/ Donc pétasse suis-moi dans mon hôtel, pour une volontaire agression sexuelle/ Faites monter les mineurs j’suis pire qu’R’Kelly : 1 pour le sexe 2 pour la money. »
- Mise en contexte: R’Kelly est un rappeur américain, qui a été arrêté pour viols sur mineurs, dont il filmait les ébats, qu’il gardait d’ailleurs comme des trophées.
- LES COMMENTAIRES!!!!! Exemple, l’intervention pertinente de l’utilisateur Yria MB « Mais ça vaaaaaa vous ! Vous croyez vraiment qu’il aurait fait cette chanson si c’était vrai ? S’auto-balancer comme ça ? Réfléchissez un peu ! C’est une chanson à prendre au second degré oh ! Perso jpense qu’il a violé personne, mais c’est possible qu’il ait couché avec une mineure consentante (sans qu’il le sache même ptetre) et qu’après elle soit aller porter plainte a la Zahia un peu ! » ou celui de Maison Stark « J’kiff bien le son c’est du second degrès tranquilles les mec vous affolez pas au pire si t’aime pas t’écoute pas comme dirait votre maître booba »
Rap engagé, mais pas très féministe (dualité)
Étude de cas: Orsanl
- Son morceau L’odeur de l’essence est critique très puissante du libéralisme. Orelsan est perçu comme un militant.
Les paroles:
« (Écoute) La panique les pousser à crier qu’la Terre meurt et personne en a rien à branler » […] critique ceux qui ignorent les cris des défenseurs de l’environnement.
« Les jeux sont faits, tous nos leaders ont échoué
Ils s’ront détruits par la bête qu’ils ont créée
La confiance est morte en même temps qu’le respect
Qu’est-c’qui nous gouverne? La peur et l’anxiété » […] Les présidents, ministres, et autres fonctionnaires gouvernementaux n’ont pas satisfait le peuple.
« Les milliardaires lèguent à leurs enfants débiles » […] nous invite à remettre en question la notion de méritocratie.
« Tout l’monde est sensible (sensible), tout est sensible (sensible)
Tout l’monde est sur la défensive (sensible)
Sujet sensible, personne sensible (sensible)
Sensible (sensible), sensible (sensible)
Sensible (sensible), tout est sensible (sensible)
Tout l’monde est sur la défensive (sensible)
Sujet sensible, personne sensible (sensible, sensible) » […] critique du wokisme
En sommes, il mets la lumière sur de nombreuses inégalités, mais omet d’aborder la cause féministe… étonnant?
Il est triste de constater que derrières ses airs de militant, ce trouve un rappeur qui ne se gène pas de dénigrer et déshumaniser la femme dans ses autres morceaux…
Les paroles:
« Ferme ta gueule, ou tu vas t’faire Marie–Trintigner » […] Note: Marie Trintignant (1962-2003) était une actrice française, décédée après une dispute, sous les coups de son amant Bertrand Cantat.
« Jaime les chattes qui n’datent pas d’hier et celles qui n’ont pas le bac »
« Tu seras ma petite chienne et je serai ton gentil maître » […] image de la femme soumise, impuissante.
- Humour noir…?
- Le rappeur était poursuivi pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence » contre les femmes en raison de certaines paroles de son album.
- Il était poursuivi par plusieurs associations de défense des droits des femmes, les Chiennes de garde, le Collectif féministe contre le viol, la Fédération nationale solidarité femmes, Femmes solidaires et le Mouvement français pour le planning familial, pour plusieurs chansons interprétées lors d’un concert à Paris en mai 2009 au Bataclan.
- La cour relève que le rap est « par nature un mode d’expression brutal, provocateur, vulgaire, voire violent puisqu’il se veut le reflet d’une génération désabusée et révoltée ». Sanctionner de tels propos « au titre des délits d’injures publiques à raison du sexe ou de la provocation à la violence, à la haine et à la discrimination envers les femmes reviendrait à censurer toute forme de création artistique inspirée du mal-être, du désarroi et du sentiment d’abandon d’une génération en violation du principe de la liberté d’expression », observe la cour en prononçant la relaxe du rappeur.
- Le rappeur l’assure, il s’agit là de propos « ironiques »
- Les juges avaient ainsi considéré la phrase « les féministes me persécutent (…), comme si c’était d’ma faute si les meufs c’est des putes », comme une injure sexiste.
Notes de cours
Cours 6, 3 mars 2022
Réflexion : Quelles sont les difficultés d’interprétation de Rap ?
Libéralisme : droit de la personne = valeur centrale, protège libertés individuelles, réussite personnelle = domaine privé (système d’éducation) engendre inégalités et injustices!!!!!, neutralité dans l’espace public (croyance religieuse) Contradiction loi 21… Son extrême : Néolibéralisme, libertarien…
Communautarisme : sens à la vie = communautés, liens communautaires. Débats dans l’espace public vu comme nécessaire, place grandissante accorder aux interventions de l’état (de la communauté). Valorisation des différences entre les individus, le respect de ces différences. Éviter le conformisme. Son extrême : sectes
Le rap, un monde misogyne
- les défis d’être une rappeuse dans un monde masculin
- masculinité toxique (affecte femmes et hommes)
Diam’s
- Mélanie Georgiades, dite Diam’s, est une rappeuse, chanteuse et auteure-compositrice-interprète française
- Paroles:
- » dans un magazine de ma mère il y avait marqué un truc comme sa : »Diam’s actuellement c’est la p’tite blanche qui monte » ta vu jusqu’où ça va ? / hé ! hé ! mais tu te rends compte / donc il doit y avoir un portrait type du rappeur ou de la rappeuse / je dois pas être dans les normes alors on dira que j’suis chanteuse. »
- « Tout droit venu du bourguignon pour une carrière d’chanteuse / pourquoi quand je dit que j’suis dans l’rap on m’dit » ha ouais t’es danseuse »
- « quand je vous dit que des maisons de disque n’ont pas voulu me signé / parce que sa paraissait osé de ma part de rapper »
- « STOP au sous entendu / ma couleur en a surpris plus d’un depuis mes début »
- les paroles sexistes et misogynes ne sont pas uniquement présentent chez les rappeurs masculins… “Même sans burqa moi j’affiche pas mes seins comme les Femens.” La Poignée de Punchlines #34, Eli MC
En 2022?
- l’album Certified Lover Boy du rappeur Drake
- ironique (On peut se demander par qui ou quoi cet album est « certifié » ? Est-ce par une industrie qui promeut des chansons obscènes, sexistes et dégradantes pour les femmes ?)
- La chanson Shot For Me, de cet album, a été visionnée 40 millions de fois depuis sa sortie. Voici une analyse rapide des éléments dérangeants que j’ai pu y retrouver:
Du mansplaining
« I can see it in your eyes, you’re angry Regret got shit on what you’re feeling now »
Paroles dégradantes, désir de soumission de la femme :
« Bitch I’m the man Don’t you forget it »
Le contrôle exercé sur la femme, l’impossibilité pour celle-ci de s’émanciper :
« The way you walk, that’s me The way you talk, that’s me The way you’ve got your hair up, did you forget that’s me ? And the voice in the speaker right now, that’s me And the voice in your ear, that’s me » :
« First I made you who you are, then I made it And you’re wasted with your ladies Yeah I’m the reason why you’re always getting faded
Conclusion
Reconnaître que l’industrie du divertissement de masse – et particulièrement l’industrie de la musique – n’ait pas de responsabilité politique, sociale ou éducative à l’égard des jeunes gens n’enlève rien au fait qu’elle détient sur la société un grand pouvoir de modélisation de l’inconscient.
Toutefois, des solutions aussi radicales que la censure ne sont pas plus acceptables qu’applicables dans un monde qui défend la liberté d’expression et qui reconnaît la complexité des enjeux que porte cet idéal. (cancel culture)
L’une des solutions envisageables émerge du milieu musical lui-même, alors que des créateurs innovants offrent au « gangsta rap » américain l’alternative d’un hip-hop conscient qui dénonce les inégalités sociales et la violence.
Sources
https://www.erudit.org/fr/revues/qf/2004-n132-qf1186402/55641ac.pdf (la sexualisation précoce des jeunes filles)
https://genius.com/Orelsan-lodeur-de-lessence-lyrics
https://genius.com/Orelsan-saint-valentin-lyrics
https://www.beyounetwork.org/articles/le-rap-symbole-ultime-de-la-misogynie
https://www.lesinrocks.com/cheek/8-chansons-de-rap-masculin-hommage-femmes-311723-07-03-2017/