Un mode de vie, un style vestimentaire, une culture, le hip-hop est installé dans la culture noir comme un mode de réappropriation de la différence. L’individualité, la séparation de l’idée de relier l’image de l’esclave avec celle des noirs. En partant du gumboot comme mode de communication pendant l’apartheid en Afrique du Sud, puis le créole plus tôt dans l’histoire en Haïti, tout ceci s’est vite transformé en hip-hop, le nouveau mode de communication au début des années 70. On parle souvent des grands visionnaires de ce mode de vie comme Tupac, Biggy, Eminem ou 50cent, mais on ne parle pas assez des interprètes féminines qui avaient aussi pleins de choses à dire comme Missy Elliot, Aaliyah ou Ciara. Un cercle de femmes issues de la communauté noir qui ont dû gravir plusieurs échelons pour pouvoir accéder au succès qu’elles possèdent encore aujourd’hui. CES femmes ne se tiennent pas droite, ne s’habillent pas en femme du monde et ne se maquillent pas pour passer inaperçue. C’est une réappropriation de son corps et de la liberté car lors de la ségrégation, oui, en effet, toute la communauté a été discriminée, mais plus particulièrement les femmes qui ont dû combattre une société au complet avec comme seul arme leur voix. Des femmes comme Maya Angelou, Rosa Parks, Winnie Mandela qui, bien évidemment, ne font pas parti de la culture hip-hop en tant que tel, mais qui ont travaillées assez fort pour que des femmes issues de certaines communautés plus défavorisées puissent se hisser au sommet. Malgré ce combat, certaines femmes au top du palmarès en ce moment « détruisent » ce combat en essayant de jouer sur l’ironie ou le sarcasme à travers leur clip en se proclamant « woke ». Elles nous disent : « pourquoi ne pas rentrer dans ce stéréotype qu’on fait de moi si c’est ça qu’ils veulent ? » en utilisant des clips comme « paint the town red », « wap », etc. en exhibant leur corps et en banalisant les combats de milliers de personnes qui ont dû, au sens littéral, sacrifier leur vie, pour pouvoir donner une voix à des millions de personnes. Les anciens ont brisé, quelque sorte, les rapports de domination qu’imposait la population blanche sur la population noire. Une grande partie de ce travail a été de transformer le texte public (ce que les dominés disent en présence des dominants et vice versa) en du texte caché (ce que les dominants disent entre eux en l’absence des dominés et vice versa) et cette déconstruction est un travail de toute une vie qui persiste encore à notre époque. Il n’était pas question d’utilisation de sarcasme, mais de revendication des droits que notre communauté mérite d’avoir et qu’elle n’a pas depuis avant l’esclavagisme, ça date de l’Égypte ancienne, quand des esclaves noirs ont été utilisés pour la construction de bâtiments, de la Grèce Antique quand les hommes noirs étaient perçus au même titre que des enfants et que les femme, elles, n’étaient même pas considérés dans la communauté, de la Rome Antique quand la population noire a été massacré par un peuple qui voulait s’établir en tant que souverain et qui, eux aussi, allaient les chercher en Afrique pour l’esclavage et plus encore car, des exemples, il n’en manque pas. De films comme l’Amistad ont été réalisé pour démontrer à quelle point certaines pratiques ont été cruel – quoique cruel n’est pas un mot assez fort pour tout ça – ce qui a mené à des révoltes qu’on pourrait qualifier de pacifiquement sauvage et tout ceci s’est perdu avec certains mouvements contemporains. Il y a plusieurs questions que je me pose en tant qu’objecteur de conscience, comment une belle femme qui représente une communauté au complet peut sortir un clip musical ouvertement satanique qu’une génération au complet écoutera et se dira : « ça c’est tellement woke, je veux ressembler à ça » ? À quoi à servit ce combat politiquement musical qui a éveillé les consciences? Comment pouvons-nous accepter que la culture du rap et du hip-hop soit autant banalisée et qu’une communauté (une généralisation habilement placée qui fait référence à la « bonne vieille époque » cela dit en passant) qui a imposé une discrimination tellement forte qu’elle est à la limite d’un génocide à longue durée qui est, heureusement, terminée en occident, s’approprie une culture, une façon de communiquer, sans que ça passe ouvertement pour une appropriation culturelle ? Un tas de question se bouscule et, pour moi, la réflexion est à suivre car le partage d’une culture est très bien, mais la réappropriation…