Pourquoi les garçons ramènent-ils tout à eux? Pourquoi émettre leur avis leur semble nécessaire alors qu’il n’a pas été sollicité? Pourquoi sentent-ils le besoin d’ajouter leur grain de sel sur des sujets qui ne les concernent même pas? C’est ce que je me pose comme question. On nous dit de nous aimer tel que nous sommes, d’avoir confiance en nous, mais j’ai l’impression que, en réalité, ça intimide les garçons. La seconde qu’on reconnaît notre valeur, les garçons sentent la nécessité d’intervenir et de péter notre bulle. Beaucoup de choses déplacées ont été dites et continuent d’être dites à notre sujet. Cet excès de confiance, j’irais même jusqu’à dire pouvoir, provient sans doute de toutes ces années de maltraitance et de violence sans merci envers les femmes, incluant ainsi la chasse aux sorcières. J’ai l’impression qu’on doit toujours surveiller nos arrières, dans le sens où on ne peut pas réellement dire et faire ce qu’on veut, qu’on nous reproche toujours toutes sortes d’affaires qui n’ont pas lieu d’être. Ce n’est pas parce qu’on a le droit de vote maintenant et qu’on peut exercer les mêmes métiers que les hommes qu’on est égale à eux pour autant. Certains en lisant ça dirait que j’exagère, que les hommes subissent aussi des inégalités, et bien sachez que vous faites partie du problème. On ne parle pas de vous mais bien de nous, alors laissez nous parler de nous sans qu’on aille à parler aussi de vous. Les garçons sont centrés sur leur nombril, les hommes reconnaissent le problème et ne se mettent pas au travers de notre chemin, ils se battent plutôt à nos côtés.

Voici une liste non exhaustive provenant de mon imagination de ce que les garçons se permettent de dire;

« Une fois charmée, elle est à moi. »

« Elle n’est pas assez modeste. »

« Ça arrive aussi aux hommes. »

« Comment peut-elle être confiante si elle ressemble à ça? »

« Le poil sur ses jambes me dégueule. »

« Elle serait plus jolie si elle perdait du poids. »

« Trop de maquillage c’est comme pas assez. »

« Elle a trop de muscles pour une fille. »

« Pourquoi s’habillerait-elle comme ça si elle est en couple avec moi? »

« Qui veut-elle impressionner? »

« Ce n’est pas tous les hommes qui sont comme ça. »

« Les féministes ne veulent pas l’égalité mais bien la supériorité. »

« Je ne veux pas d’une féministe. »

« Ma copine doit me demander la permission avant. »

« Je ne me sens pas mal de garder mes options ouvertes. »

« Elle l’a cherché. »

« Qu’est-ce qui en est des hommes? »

« Si elle a réussi, je suis tout aussi capable de le faire. »

« Les garçons ne peuvent pas être féministes. »

C’est dérangeant, pas vrai?

Voici des extraits que j’ai soutirés d’un récit audio sur l’existence des sorcières :

« Les sorcières n’ont pas toujours été maléfiques et sataniques. Au contraire, la sorcière incarne le pouvoir réel du féminin, c’est-à-dire voir, savoir, guérir, prévoir, garder en vie, donner la vie, entendre et saisir le visage maternel et sauvage de la nature. C’est la chamane ultime, la descendante de la femme déesse qui a traversée les âges, toutes les épreuves et qui survie toujours. »

« Alors, je vais vous raconter l’histoire de cette femme totale, de cette femme fatale, une intelligence que la raison male a cherchée à réprimer. D’où vient qu’on ait craint jusqu’à les brûler ces femmes sages, vénérées depuis le paléolithique? »

« Le savoir c’est du pouvoir et les femmes en savent beaucoup, elles en ont toujours su beaucoup. Au Moyen-Âge elles ont toujours encore leur place; elles sont guérisseuses, guides, conseillères, prophétesses, accoucheuses, avorteuses, elles rythment encore le cycle de la vie et de la mort. Mais des institutions du Moyen-Âge vont s’acharner, vont développer une méfiance, une haine systémique envers la femme. »

« Elle est la source anonyme et jamais mentionnée de l’explosion démographique. La peur de la femme au Moyen-Âge et à la Renaissance surtout va atteindre son paroxysme, la folie absolue. »

« La femme est désormais reliée à la magie, la magie noire, il faut débusquer le Diable et le Diable quand il arrive au village il va voir directement les femmes. Alors la chasse aux sorcières est ouverte sous la bénédiction du Pape. »

« Qu’est-ce qui reste dans la mémoire des femmes contemporaines et modernes? Qu’est-ce qui reste de cette peur absolue, de se faire brûler, de se faire attraper, de se faire violenter, de se faire assommer, de se faire accuser, de se faire poursuivre? C’est une peur que vous pouvez avoir dans la rue aujourd’hui, vous pouvez avoir dans les stationnements intérieurs, le soir tard, de savoir que quelqu’un peut vous viser comme femme et vous attaquer comme femme. C’est resté; c’est une mémoire qui est restée. »

« Au 19e siècle on ne brûle plus, il n’y a plus d’enquête de sorcières, mais la science va apparaître, il va y apparaître la science psychiatrique. Ce débat de la rationalité versus l’irrationalité va tourner entre la rationalité masculine versus l’hystérie féminine. La femme quand elle s’excite trop, elle devient hystérique. Quand elle pense trop, elle devient folle. Cette femme va être victime d’un autre type de sorcellerie ou d’accusations ou de marginalisation; on va les interner en psychiatrie. Les bourgeois, les hommes, quand ils voulaient se débarrasser de leur femme, ils les accusaient, non pas de sorcellerie directement, ils ne vont pas dire que c’est une sorcière, ils vont dire « elle est folle ». »

Source du récit audio : Les sorcières sont encore parmi nous (radio-canada.ca)

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