Qu’est-ce que le Hip-Hop ?

Dans a forme large, le hip-hop est une forme d’expression à travers l’art. Cet art peut prendre une variété de forme : de la musique au rap freestyle, du break dance au graffiti (street art). Ainsi, cette forme d’expression est apparue en réponse aux répressions du 20^e siècle. Le hip-hop est donc une arme incontestable dans la lutte contre le pouvoir, en démontrant une résistance politique par la contestation directe et ouverte du pouvoir établi. Dans toute ses formes, le hip-hop renferme un message caché d’indignation envers l’injustice sociale.

En fait, ces injustices sociales sont issues entre autres des tensions et des contradictions entre les différents aspects d’une société. D’un point de vue idéologique et institutionnel, ces injustices peuvent être rattachées aux pensées libéraliste et communautariste. La pensée libéraliste de la majorité des individus d’une société est axée sur les droits de la personne, donc la protection des libertés individuelles avant tout. Ainsi, pour prôner l’indépendance de chacun, on considère la réussite d’un point de vue privé, basé sur la méritocratie. En opposition, le communautarisme se base sur la société, sur la communauté pour définir le sens de la vie. L’État se doit de favoriser le vivre-ensemble, donc de favoriser les interactions et les relations entre les individus.

Ainsi, les injustices dans le libéralisme mènent à la création de communautés. Soudés par leur désir de changement, leurs membres tentent de favoriser leurs conditions en s’exprimant publiquement. Cependant, cette non-neutralité dans l’espace public est une contestation directe du libéralisme, puisque ce dernier exige la neutralité dans cet environnement. Donc, accroître la contestation publique signifie pour certains une menace au confort des biens privés. L’accroissement des tensions peut ainsi mener à la réprimande des communautés, créant un cercle vicieux.

L’approche adéquate serait de se questionner sur les origines même des tensions. Comment sont-elles apparues, mais surtout, comment échapper à ce cercle vicieux ?

Les origines du Hip-Hop

La réponse est claire : le Hip-Hop est un mouvement de contestation du pouvoir. Cependant, d’où naquit-il ? En fait, le mouvement aurait graduellement émergé dans le South Bronx, dû aux injustices présentes. D’une part, une politique de l’abandon présente envers les afro-américains était la cause première des insurgences. Les inégalités et l’opposition d’ethnies à d’autres crée une intériosation chez certains, qui commenceront à s’exprimer à travers l’art pour partager et apaiser leur douleur. 

L’événement majeur de l’Expressway a créé un tournant dans l’approche face au problème. Sa construction mettait environ 60 000 vies humaines en jeu, mais l’autorité dans le temps n’y voyait « aucun problème majeur ». Ainsi, ce dédain évident creusa plus profondément les injustices, puisque celles-ci sont devenues intrinsèques à la société de droit. Au final, aussi insensé que cela puisse paraître, les avancées techniques, technologiques et économiques ont causé un mouvement de répression et de ségrégation. Justement, si la société présente des injustices, donc un bris dans le tissu social, la communauté en est aussi fragilisée. Après tout, une communauté n’existe pas dans une société défaite.

Certains choisissaient probablement l’insouciance de cette situation, mais il était devenu impossible de l’ignorer. L’incendie de 1977 révéla au monde les injustices présentes. Celles-ci maintenant visibles, il suffisait de créer pour contester. C’est l’une des raisons pourquoi le blackout de 1977 eut un impact important dans le monde du Hip-Hop, l’expérience privée est devenue publique. Après tout, l’art est événementiel.

À travers l’art, le Hip-Hop sait exprimer les sentiments et répondre aux injustices, aux violences subies.

Les effets du hip-hop dans les rapports sociaux

En opposant la communauté noire au pouvoir, il y a automatiquement un rapport de dominant/dominé entre les deux. Comment le gouvernement prend-il le dessus ? Simplement en manipulant le discours public. Ainsi, tout ce qui est contre ce discours se verra écarté, d’où l’apparition d’un discours caché. Viens maintenant une question : si le pouvoir manipule le discours social et domine la communauté autant sur le niveau social et économique que politique, comment ce dernier arrive-t-il à résister ?

L’anonymat dans l’acte est la meilleure arme contre une personne influente.

Donc, les contradictions entre le discours caché et le discours public attisent les tensions (on peut y comprendre les raisons poussant à résister). Ainsi, le discours public (autant dominants et dominés) n’aura pas la même signification que le discours dissimulé inter-dominant ou inter-dominé. On peut s’apercevoir de ce fait dans les fameux Rap Battle, où le discours révèle un message puissant et vrai lorsqu’il est caché, mais seulement de surface lorsqu’il devient public.

Le discours caché, c’est l’art de dissimuler le message par l’anonymat et l’euphémisme.

Mais si les dominants sont au pouvoir, comment se fait-il qu’ils n’arrivent pas à contrôler les dominés ? Parce que leurs formes d’émancipation sont variées. Ils sont parvenus à exprimer le discours caché dans le discours public, à travers une parfaite mascarade, l’art. Après tout, comment punir si les actes sont techniquement inoffensifs ? L’ironie, c’est qu’empêcher un groupe d’exprimer son désaccord envers le pouvoir va à l’encontre de nos droits fondamentaux. C’est cependant ce qu’il s’est produit, lorsque le groupe NWA fut arrêté pour avoir performé la chanson Fuck tha Police! publiquement.

Si le discours est caché, il contribue à nourrir le rapport dominant/dominé. Mais pour certains, contredire le public signifie opter pour un discours caché. Ultimement, cela signifie-t-il que tout discours d’émancipation nourrit ce rapport destructeur ?

Le message général dans le Hip-Hop

Un exemple de discours dissimulé dans le Hip-Hop : Gangsta’s paradise de Coolio.

Les violences des années 80 sont causées par les disparités raciales et économiques. Basée sur le désespoir, l’œuvre de Coolio parle principalement d’un gangster à en devenir, et des raisons dont cet avenir découle. Que ce produit-il lorsque l’on traverse la ligne entre le crime et le droit chemin ? Sachant que certains n’ont pas le choix d’adopter une vie de crime pour survivre, s’agit-il de leur destin ou d’un sort imposé par des malfaiteurs ? Ultimement, c’est quoi un vrai gangster, un être de crime et de violence, ou bien un survivant ?

Donc, que signifie le titre de l’œuvre ? Peut-être Coolio fait-il référence en fait à un ghetto, révélant ainsi un ton sarcastique envers le pouvoir établi, un ghetto n’est pas un paradis. Peut-être que le terme paradis ferait référence en fait au terme idéologie, ce qui ferait tout autant de sens : l’idéologie d’un gangster.

Ainsi, le message de cette chanson et plusieurs autres du même genre prend plusieurs formes, mais divulgue toutefois la même information : le Hip-Hop conteste et dénonce certaines injustices et remet en cause le système social établi.

Le Hip-Hop d’aujourd’hui

Réflexion subjective

Caractérisé par le même « beat » et instruments, le sens des paroles semble plutôt délaissé pour laisser place à des paroles vides (généralement). Très souvent composé de blasphèmes, le néo hip-hop semble axé sur la musique au lieu d’être centralisé autour d’un message rassembleur et puissant. Comment le Hip-Hop, cette arme anonyme contre l’injustice sociale, s’est-elle métamorphosée ? Sujets généraux divulgués dans le rap non-engagé : sexe, argent, alcool, drogues, voitures.

L’extrait qui suit est une chanson de Sixn9ne. Où est passé le message de lutte contre les injustices ? Les paroles ne sont que des références au sexe, au « hood » et à la violence, sans oublier les 2-3 mentions au N-word. Bref, quel message élégant !

Gummo, Sixn9ne

Sources

Coolio’s “Gangsta’s Paradise” Lyrics Meaning

http://www.philo-cvm.ca/?page_id=3788

http://www.philo-cvm.ca/?page_id=18131