u’est-ce qui lie la figure de la sorcière et le Hip Hop? Une histoire de répression, dont de nombreux aspects peuvent se transposer sur la ségrégation, puisqu’il s’agit des mêmes structures répressives qui sont en œuvre que pour la représentation de la sorcière dans notre histoire. On adoptera donc l’angle de la lutte pour la justice et l’égalité, en voyant le Hip Hop comme réponse à des impasses sociales. Le Hip Hop sera lu, écouté et analysé comme un art de résistance politique.

Cours 1

Angela Davis:

Voir le mouvement Black Panthers, le discours de Malcom X – bref, une révolution sociale.

Il s’agit, comme Sylvia Federicci, d’une penseuse marxiste. Elle réfléchira à une forme d’intersectionalité entre les groupes militants, c’est pour elle le combat féministe de la femme et le combat des inégalités pour les communautés afro-américaines.

La résistance politique nous ramène directement aux luttes de pouvoir et aux rapports de domination. La critique ouverte et directe du pouvoir engendre des répressions souvent extrêmement violentes (par exemple des assassinats).

Pour le Hip Hop, c’est la question de la résistance politique qui nous intéresse mais aussi son interprétation. Saisir clairement la signification du message politique peut être plus difficile puisqu’il s’agit d’une forme d’art, c’est donc subjectif. Il faudra donc réfléchir à ce qui rend cette interprétation difficile (subjectivité, imaginaire, esthétique, ironie, provocation, etc.).

Tensions et conflits internes (voir contradictions) :

Individu – société

Individualiste – collective

Ce qui s’exprime au sein du Hip Hop, c’est les contradictions humaines (valeurs, vécus, etc), autant du créateur, que du public qui l’écoute. C’est pourquoi l’interprétation peut s’avérer plus difficile, puisque ce n’est pas tranché au couteau ni binaire. Ce sont des idées souvent intériorisées soit par l’artiste ou la personne qui écoute la musique, c’est pourquoi cela peut mener à certaines tensions.

Les idées privées vs public (conventionnel vs naturel). L’idée de la privatisation tiens des conventions.

Libéralisme vs communautarisme

Idéologies politiques qui reposent sur des idées.

  • Le libéralisme affirme la primauté des droits de la personne sur le Droit de la Nation ou de l’État.
  • Il implique des réglementations ayant pour objectif de protéger les libertés individuelles.
  • L’État et le droit ont pour fonction d’assurer l’indépendance des personnes devant l’emporter sur la majorité.
  • La réussite de la vie de l’individu relève du domaine privé (self-made man).
  • C’est la neutralité de l’espace public.

Malgré l’objectif de résistance politique, on retrouve tout de même la valorisation de l’idée de la réussite qui relève du domaine privée, et de la neutralité de l’espace public.

Ce sont les communautés qui, au final, donnent du sens à la vie et qui permettent aux individus d’exister. C’est une interaction dynamique des individus en société, ce qui s’oppose un peu à la neutralité de l’espace public tout en valorisation les débats dans ce même espace.

Au lieu de privilégier l’individu, dans le communautarisme, l’État – (le Droit) devrait plutôt privilégier le Bien commun. On prend aussi en compte l’allérité (les différences entre les individus) plutôt que l’idée conformiste du libéralisme.

Analyse de vidéo

Sur le corner – Connaisseur & Méchant style

Interprétation:

On y retrouve une expression, voir une représentation, d’une forme de vie communautaire, qui prend la forme d’une gang. Recherche de sens de la vie en association avec une vie communautaire (gang, corner, hood). Lieu de rencontre, un peu à l’écart de la société entre autre au niveau des règles et de la liberté. Où ils peuvent enfin se relaxer, plutôt que d’être en espèce de fuite continuelle des règles de la société. C’est un endroit permettant une liberté d’être et d’expression de soi. Illégalité, transgression de règles, marginalisation.

La fouine – Tous les mêmes

Idée d’une intégration, partage des problèmes et des bons côtés de la vie.

Plus près d’un rêve libéral, et une vision plus intégrale, en universalisant le rêve ici. Plutôt que de se concentrer sur un certain type de communauté, c’est très « at large ». Une grande dimension morale s’y trouve donc en association avec ce rêve même universel.

Le mémoire de Loco Locass:

Rap blanc – communauté privilégiée

Même sens d’unité, peuple québécois, revendication nationaliste et identitaire très affirmée. Société dominante, inclusive.

Montréal vs Québec, deux réalités qui s’opposent.

The carters – Apeshit:

Reprise de la représentation visuelle de cette dette d’inégalité.

Représentation plus visuelle que lyrique, dans laquelle on met de l’avant l’histoire de l’art du monde où l’inégalité est non négligeable. Des artistes reconnus se permettent de mettre en valeur leur cheminement, et de montrer qu’il n’on pas oublié leurs origines et que beaucoup n’ont pas eu leur chance.

Ce vidéo demande une certaine connaissance de l’histoire de l’art, car beaucoup d’œuvres sont chargées d’histoire et de sens, elles ne sont certainement pas choisies au hasard durant les scènes tournées.

Conférence sur le Hip hop:

Conférence par Jérémie McEwen, professeur, auteur et chroniqueur sur la philosophie du Hip Hop.

L’origine du Hip Hop :

Qu’est-ce que le Hip Hop? Il s’agit de quatre formes d’art qui forment un mouvement social qui dévient inévitable. Le rap, DJ, danse urbaine et graffiti permettent une expression personnelle, qui peut également servir à transmettre un message, souvent politique. Ce mouvement permet de prendre contrôle de l’espace public pour revendiquer.

Le Hip Hop serait apparu à Lauren Hills à peu près en 1973. Le rap est l’origine de la création du Hip Hop, mais la lutte contre la ségrégation est préalable à l’apparition de ce dernier. L’art permet de relancer le mouvement de contestation. En 1973, Dj Koolhere créé un beat live, créant le Hip Hop ave le rappeur Coke The Rock.

L’art du Hip Hop permet de reconnaître quelqu’un d’autre, donc de s’inscrire et exister. Cela permet également de se représenter et de s’affirmer. Le Hip Hop est un moment d’unification, c’est prendre l’art comme un moment de paix unitaire.

Le Hip Hop n’est indéniablement pas une mode, cela fait plus de 50 ans depuis sa naissance et malgré son évolution, il s’agit toujours d’un des genre les plus populaires mondialement. On y retrouve des thèmes chargés d’une dure réalité, comme la brutalité policière, la dépendance, le racisme systémique, les « feelings », etc.

Certains préjugés sont toutefois à déconstruire, comme les stéréotypes, les violences et la misogynie. Toutefois, quand on relativise, le contrat social américain est en lui même raciste : On doit s’en défaire.

L’idée du « King du Hip Hop »:

Le Hip Hop est chargé d’un esprit compétitif, de vouloir gagner du territoire et d’obtenir le titre de « King ». La compétition fait partie du Hip Hop mais la ligne est mince entre s’élever et se mener à perte dans ce combat du plus fort. Il présente également un fort sexisme, dans lequel les femmes sont vues inférieures car on croit que les femmes vont bloquer l’ascension du Hip Hop.

Exemple: Roxanne Shanté, 14 ans, qui gagne tout ses battles et qui est extrêmement bonne. EN 1984, elle se verra refuser la victoire car on craint que sa victoire nuise au succès du Hip Hop.

Queen Latifah: Ladies first 1989

Idée d’alliance féministe avec l’antiracisme – Coopération – Imbrication des luttes

Cours 2:

L’émergence du hip hop – Aborder la question sous un angle historique:

Se situe dans le bronx dans les années 70, le Hip Hop devient alors une réponse à une impasse sociale.

Qu’est qu’il y a dans l’art qui permet de résister ou de contrer des problèmes sociaux?

1968: Martin Luther King, ségrégation, intégrationisme.

1965: Malcom X, Nationalisme, Nation of Islam

Il s’agit de luttes pour la justice et l’égalité.

On a un société qui est fondée sur les droits, mais aussi une communauté dans laquelle nous n’avons pas ces mêmes droits, cela devient donc très problématique.

Les conflits sociaux peuvent également se transposer de façon personnelle, devenant donc existentielle plutôt que politique.

L’art est rassembleur, transmet un message et permet de mettre des mots sur ce qui est vécu, ce qui permet donc de répondre à des impasses ou des contradictions.

Cours 3:

Résistance politique:

Théorie de James C. Scott:

Marxisme et aliénation: Soumission à une idéologie inconsciente, voir une intériorisation des rapports de domination. Pour s’en sortir et avoir une transformation du système ou une révolte, il faut faire prendre conscience de l’aliénation.

On retrouve à l’époque un grand rapport de domination, dans lequel les dominants agissent d’une grande violences sur les dominés.

Lorsqu’il y a exercice du pouvoir, il y a résistance politique, l’un ne va pas sans l’autre. Selon James C. Scott, cette résistance serait cachée, voir infra politique. Il y a une théâtralisation du rapport de domination. Pour James C. Scott, quand il y a des rapports de domination, il y a une grille d’interprétation. Ce qui se passe dans l’espace public n’est pas nécessairement la réalité, il faut donc interpréter.

Domaine de l’expression

Texte public:

Ce que les dominés expriment en présence des dominants et vice-versa.

Il y a une évaluation du degré de menace et des conséquences.

Texte caché:

Ce que les dominés disent entre eux, et pareillement pour les dominants.

Tout groupe dominé produit un texte caché au yeux des dominants et de même à l’inverse, où les dominants élaborent un texte caché comprenant l’exercice des dessous du pouvoir. En conséquence, on retrouve de la théâtralisation dans la vie sociale de ce qui légitime la hiérarchie du rapport de domination.

Le système a plus à craindre des dominés chez lesquels les institutions semblent avoir établi un pouvoir hégémonique.

La résistance cachée est une façon de s’informer entre dominés sans provoquer le pouvoir ouvertement. La révolte est le moment de la critique ouverte du pouvoir. Toutefois, cette dernière n’est pas toujours possible, mais c’est ce qui rend la résistance cachée dangereuse pour le pouvoir. On entretient l’ambiguïté afin de pouvoir mettre les autres dominés au courant, et afin de pouvoir préparer cette révolte.

Analyses de vidéos

  1. Public Enemy – Fight The Power (1988) – Vidéo réalisée par Spike Lee

Ironie dans la présentation de la critique du pouvoir, notamment entre le festif et le militant. Un cabotinage se présente aussi par le déguisement et les actions afin de masquer certaines parties du discours, ce qui permet de demeurer dans l’ordre de la mise en scène puisque plusieurs choses ne sont pas permises. On est de l’ordre symbolique, voir imaginaire.

2. Old rap battle

Rap battle de rue, permet au dominer de se parler entre eux, donc une expression libre. Le jeu permet de mettre en scène un rapport de domination, comme une pratique pour se permettre de supporter en cas de situation avec des dominants.

3. Rap battle « commercialisé » (James Corden et Méthod Man)

Exercice très calculé et mis en scène préalablement. Il s’agit de divertissement plutôt qu’un expression entre dominés, c’est surtout pour le gain que plus pour l’humanité. Attaques très personnelles et superficielle plutôt que attaques de groupes.

4. Work it – Missy Elliott

Message féministe camouflé pour être acceptable et pour véhiculer un message à une communauté particulière. Langage très symbolique autant sur les lyrics que le visuel, dans lequel on doit connaître les références pour bien comprendre

5. La « soeur blanche » de Missy Elliot reprend Work it

Solidarité féminine – Vécus partagés – Intersectionnalité

6. Rencontre entre Missy Elliott et sa « soeur blanche »

Passage au divertissement encore une fois. La résistance politique est de nouveau commercialisée. On se demande si cette dernière le faisait purement par plaisir, ou si elle comprend la lourdeur de l’histoire derrière les paroles de Missy Elliott.

Rédaction:

L’intersectionnalité du féminisme et du Hip Hop

Dans un monde aussi corrompu et difficile, qu’on pourrait tout simplement appeler un monde humain, il n’est pas rare de voir des minorités se rallier. Que ce soit pour rassembler leurs forces, ou tout simplement par un terrain connu, c’est un principe qu’on verra se répéter tout au long de l’histoire dans des situations variées. Parmi les nombreuses oppressions, deux se retrouvent toutefois au centre de notre société, et ce, depuis bien des années déjà : Le racisme et le sexisme.  Il existe énormément de façon d’aborder cette intersectionnalité, mais ce qui est particulièrement intéressant, c’est la manière dont l’injustice peut être communiqué. C’est pourquoi le Hip Hop, forme d’art politique créé à l’origine afin de répondre à des impasses, est un parfait exemple dans lequel nous pouvons retrouver cette fusion de deux combats lorsque nous nous intéressons notamment à des artistes qui s’identifient comme femmes.

Tout d’abord, voyons la mécanique qui permet au Hip Hop d’être un outil de communication. Le Hip Hop est indéniablement un mouvement de résistance politique, ce qui nous ramène directement aux luttes de pouvoirs et aux rapports de dominations. Dans les deux cas, que ce soit par le racisme systémique ou le sexisme, on retrouve très clairement ce même principe de pouvoir et de domination. L’art est évidemment une bonne façon de s’exprimer, s’affirmer et donc de faire passer un message, c’est ce qui rend le Hip Hop une excellente façon de communiquer. Ici, le mouvement permet à des communautés de se rassembler ainsi que de mettre des mots sur un vécu, ce qui permet donc de répondre à des impasses ou des injustices sociales.Si on se penche spécifiquement sur les deux injustices auxquelson fait face, il est alors facile de comprendre l’utilité, voir la nécessité des mouvements sociaux comme le Hip Hop. Né dans le bronx environs en 1973, c’est en 1986 qu’on voit le premier disque enregistré par une femme, Roxanne Shanté. On voit donc clairement que malgré sa révolution sociale, le Hip Hop est une culture qui entretient une vision misogyne de la femme, il est donc comprenable que les artistes féminines touchent souvent au sujet de l’égalité des sexes ainsi que des revendications féministes. Pourquoi choisir un milieu fermé pour revendiquer? C’est là tout l’importance des rapports de dominants et des dominés, ainsi que des discours qui s’y font.

Ensuite, ce qu’il est important de saisir, c’est qu’en moment de révolte, ou bien juste de résistance politique, beaucoup des dénonciations ne peuvent pas se faire directement. Souvent, la personne dominée, généralement la minorité, se verra rarement en position de pouvoir contester ce qui lui est imposée par les dominants, d’où l’importance de l’art dans la révolte sociale. En utilisant un tel médium, on se permet d’échapper aux conséquences, par exemple dans le Hip Hop qui peut parfois être considéré simplement comme de la musique si on ne prête pas attention aux paroles ou bien si celles-ci ne nous concernent pas. C’est ce qu’on pourrait appeler un discours caché, bref, une façon de communiquer entre dominés, parfois directement en présence des dominants ou bien en leur absence. Dans le rap ou le Hip Hop, un discours féministe sert à critiquer cette même forme d’art, et donc de communiquer entre femme. Un homme, par exemple, ne saisira peut-être pas l’entièreté du discours puisqu’il n’en est pas affecté. C’est également une façon pour les femmes de s’affirmer, et de se réapproprier un milieu dont on a tenté de les écarter sans raisons. Si le Hip Hop permet aux afro-américains de revendiquer leurs droits, pourquoi donc refuser la présence des femmes? Après tout, ce sont des mères, des filles, des amies, qui sont affectées par la même répression qui touche les hommes, il n’est donc pas censé de décider que celles-ci n’y ont pas leur place. C’est donc la raison pour laquelle cette intersectionnalité du Hip Hop et du féminisme est si forte, car non seulement les femmes veulent reprendre leur droit, et ce à l’échelle communautaire également.

Finalement, qu’est-ce que le féminisme et le Hip Hop s’apportent l’un à l’autre? Il ne faut pas oublier que le Hip Hop, se veut à la base un mouvement artistique unitaire permettant de s’exprimer contre une injustice, alors pourquoi pas contre le sexisme? Comme Roxanne Shanté, plusieurs rappeuses on dut faire faces au préjugés et stéréotypes imposés par le Hip Hop, mais c’est grâce à elles que non seulement, on peut s’imposer face aux injustices du racisme systémique tout en revendiquant les droits des femmes. On ne peut nier non plus les évidences qui permettent de voir que les femmes de couleurs subissent souvent encore plus de répression que des hommes de couleur ou bien des femmes blanches. C’est l’alliance de deux oppressions qui permettent de rejoindre une grande communauté de minorité, et donc de créer ce mouvement puissant à travers l’art. L’expression est importante, mais la représentation l’est également, notamment pour les jeunes filles qui ont besoin de modèles connaissant du succès dans toutes les sphères de leurs vies, bref des femmes qui expriment leur vécu, qui représentent et qui s’affirme, le tout en combattant les injustices incessantes auxquelles elles font face dans leur vie quotidienne.

En conclusion, l’intersectionnalité du Hip Hop et du féminisme était presque inévitable : Il s’agit de deux mondes minoritaires qui se rencontre indubitablement, et donc qui produiront un mouvement artistique et engagé unique en soi, qui donne une voix et une représentation non seulement aux femmes et au Hip Hop, mais surtout à celles qui subissent les injustices quotidiennement simplement par le fait d’être des personnes de couleur et de sexe féminin.

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