Sources

Enquête – Sorcière

Questions :

  • Les sorcières ont elles une représentation ultime?
  • La représentation de la sorcière comme fenêtre vers la misogynie d’aujourd’hui
  • Les privilèges masculins basés sur le sexisme du Moyen-Âge
  • Est-ce que la réappropriation de la figure de la sorcière est positive?
  • La sorcière représentée dans les œuvres artistiques (chansons, peintures, dessins, poèmes, sculptures, films et séries)

« J’aimerais
Ne pas être portefaix
S’il vous plaît
Faîtes vous léger
Moi je ne peux plus bouger

Je vous ai porté vivant
Je vous ai porté enfant
Dieu comme vous étiez lourd
Pesant votre poids d’amour

Je vous ai porté encore
À l’heure de votre mort
Je vous ai porté des fleurs
Je vous ai morcelé mon cœur

Quand vous jouiez à la guerre
Moi je gardais la maison
J’ai usé de mes prières
Les barreaux de vos prisons »

Paroles extraite de la chanson Une sorcière comme les autres d’Anne Sylvestre (1975)

« Chercher à comprendre ce que les femmes pourchassées en tant que sorcières ont pu penser, ressentir et conclure de cette horrible attaque menée contre elles, regarder, en d’autres termes, la persécution «de l’intérieur», comme Anne L. Barstow l’a fait dans Witchcraze, nous permet aussi d’éviter de spéculer sur les intentions des persécuteurs et de nous concentrer au contraire sur les effets que la chasse aux sorcières a eus sur la position sociale des femmes. De ce point de vue là, il ne fait aucun doute que la chasse aux sorcières anéantit les méthodes que les femmes avaient employées pour contrôler la procréation, les qualifiant de dispositifs diaboliques, et institutionnalisa le contrôle de l’État sur le corps des femmes, ce qui était la condition préalable à sa subordination en faveur de la reproduction de la force de travail. » Silvia Federici

« De plus, le sadisme sexuel des tortures auxquelles les accusées étaient soumises révèle une misogynie qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire et ne peut pas être mis sur le compte d’un crime particulier. Dans la procédure standard, les accusées avaient leurs vêtements déchirés puis étaient rasées complètement (on prétendait que le diable se cachait dans leurs cheveux). On leur enfonçait de longues aiguilles dans le corps, y compris dans le vagin, à la recherche de la marque que le diable apposait censément sur ses créatures (tout comme les maîtres faisaient en Angleterre avec les esclaves qui s’étaient enfuis). Elles étaient souvent violées; on recherchait si elles étaient vierges ou non – un signe d’innocence; et si elles n’avouaient pas, elles étaient soumises à davantage d’épreuves atroces : leurs membres étaient tordus, on les asseyait sur des chaises en fer sous lesquelles on allumait un feu; leurs os étaient brisés. »

« La chasse aux sorcières fut une guerre contre les femmes : c’était une tentative concertée pour les avilir, les diaboliser et pour détruire leur pouvoir social. »

Caliban et la sorcière, Silvia Federici, Entremonde,2014, Paris, 403 p.

« La crainte envers l’espèce féminine, que traduisent les procès de sorcières, est née d’une réalité diffuse et dont les hommes semblent prendre une conscience plus aiguë vers la fin du XVe siècle : la place grandissante des femmes dans l’espace social tout au long du Moyen Âge. »

« À une vision misérabiliste de la condition de la femme au Moyen ¸Âge – une victime impuissante de la brutalité masculine – qui conforte, en fait, le discours, longtemps dominant, sur la nature faible et passive de la femme, a succédé, dans les travaux les plus récents, une autre image de celle-ci : un être qui n’était ni sans défense ni sans pouvoir. S’il en était autrement, comment comprendre l’acharnement des hommes contre des créatures si inoffensives? »

Sorcières, gravure sur bois de Hans Baldung

Notes de cours

Rationalisation capitaliste de la sexualité- Silvia Federici

L’Inquisition a servi l’assurance que la femme continue de procréer, de créer des travailleurs

la travailleur doit être séparé de ses productions, travailleur (femme) séparé de son propre corps

Est-ce que la rationalisation capitaliste de la sexualité se poursuit? Hypersexualisation de la femme, travail sexuel éthique

Érotisation de la figure de la sorcière, à travers la nudité et la monstruosité de ses mœurs sexuelles .

[ pour Jules Michelet ] la sorcière incarne la rébellion face à l’ordre établi, mais aussi la toute-puissance féminine.

Pages du livre Les Sorcières, une histoire de femmes par Céline du Chéné

La sorcière de Jules Michelet, femme d’un serf, seigneur droit de cuissage sur elle, elle se tourne vers Satan et est chassée de son village et son mari la repousse

Artistes majoritairement des hommes, représentent les sorcières dénudées sur leurs balais/bâtons, sorcières nues qui tiennent des objets phalliques dans plusieurs œuvres…

Mélange d’érotisme et d’horreur

en remettant en question les cliniques psychiatriques et leurs traitements médicaux : la science de son [Benjamin Christensen, réalisateur danois du film Häxan, 1922 ] temps est-elle vraiment plus évoluée que les châtiments médiévaux et les bûchers de sorcellerie? La réponse est non.

Häxan, Benjamin Christenssen (1922)

Dans The Shining de Stanley Kubrik 1980, Jack Nicholson entre dans la salle de bain et voit une belle jeune femme nue, il la prend et le plan de caméra change pour montrer à travers un miroir qu’il tient un cadavre dans les bras. question de beauté, jeunesse et la mort

The Shining, Stanley Kubrik (1980)

La Belladone de la tristesse d’Eiichi Yamamoto 1973, elle est victime d’un viol collectif et devient un ange de vengeance et d’extermination (librement adapté de La sorcière de Jules Michelet)

La Belladonne de la tristesse, d’Eiichi Yamamoto (1973)

La sorcière représente la femme marginalisée et personnifie idéalement l’anarchie

La sorcière incarne un esprit de liberté, une forme de révolte et une autre façon d’être au monde

-Les sorcières, une histoire de femmes

Couverture de Les Sorcières, une histoire de femmes par Céline du Chéné

L’apparence obéit à une mécanique infernale. Et si une femme se trouve un jour frappée de disgrâce, il peut lui arriver d’endosser une sombre culpabilité. Parce que la société la juge responsable de son physique. La voici tout à coup honteuse d’elle-même. « Victime, elle considère paradoxalement ces critiques comme justifiées, elle les intègre au point d’oeuvrer à sa propre dévalorisation ».

https://information.tv5monde.com/terriennes/femmes-travers-l-histoire-sois-laide-et-tais-toi-278816

« Nous allons parler des vraies sorcières, qui vivent encore de nos jours. Ouvrez grand vos oreilles, et n’oubliez jamais ce qui va suivre. C’est d’une importance capitale. Voici ce que vous devez savoir sur les vraies sorcières :

Les vraies sorcières s’habillent normalement, et ressemblent à la plupart des femmes. Elles vivent dans des maisons, qui n’ont rien d’extraordinaire, et elles exercent des métiers tout à fait courants.

Voilà pourquoi elles sont si difficiles à repérer !

Une vraie sorcière déteste les enfants d’une haine cuisante, brûlante, bouillonnante, qu’il est impossible d’imaginer. Elle passe son temps à comploter contre les enfants qui se trouvent sur son chemin. Elle les fait disparaître un par un, en jubilant. Elle ne pense qu’à ça, du matin jusqu’au soir. Qu’elle soit caissière dans un supermarché, secrétaire dans un bureau ou conductrice d’autobus.

Son esprit est toujours occupé à comploter et conspirer, mijoter et mitonner, finasser et fignoler des projets sanglants.

« Quel enfant, oui, quel enfant vais-je passer à la moulinette ? » pense-t-elle, à longueur de journée.»

Extrait de Roald Dahl, Sacrées Sorcières (1983)

http://www.philo-cvm.ca/?page_id=18135

« Les filles de Bayonne dénouent leurs cheveux longs qui s’envolent, « accompagnant les yeux » – on comprend que le conseiller a reçu des œillades. Et il se laisse aller à leur séduction : « Elles sont dans cette belle chevelure tellement à leur avantage et si fortement armées que le soleil jetant des rayons sur cette touffe de cheveux comme dans une nuée, l’éclat en est aussi violent et forme de si brillants éclairs… »

Voilà pour les jeunes filles, dépositaires d’éclairs électriques sur ciel d’orage. Et les femmes ? Elles portent un chapeau indécent, paraît-il. Couvrent-elles leurs cheveux ? Oui. Mais pas comme il faudrait. Freud aurait adoré.

Un chapeau indécent ? C’est une coiffe de toile blanche empesée, une sorte de hennin en forme de point d’interrogation, haute d’un bon mètre cinquante. Serait-ce un crochet à nuages ? Une griffe d’oiseau de proie, ou bien… Que voit Pierre de Lancre ? Il n’ose pas le dire. Il y voit un phallus et pour se faire comprendre, il évoque Priape, le petit dieu latin toujours en érection. S’il en est ainsi, à bien regarder les coiffes des Labourdines, ce phallus n,est plus en érection, mais en détumescence.

Elles font pire encore que le cheveu dénoué, les Labourdines : elles vont au sabbat. Ah, ce sabbat… Il enflamme Pierre de Lancre, étourdi de beauté. Bien sûr, il n’a pas été au sabbat ! Qu’allez-vous imaginer… Non, il a fait venir des fillettes pour qu’elles lui montrent comment on y danse. Et les petites ont dansé la sarabande.»

« Accuser une femme soupçonnée de sorcellerie de pratiquer l’inceste est une vieillerie de l’Église catholique. D’abord parce que la notion de parentèle s’étend bien au-delà du simple cousinage, voire encore au-delà de l’inceste avéré que commettraient le parrain et la marine d’un nouveau-né s’ils s’accouplaient. Mais ce thème de l’inceste tient surtout à l’obscénité de la nuit du sabbat : la partouze générale qui achève la cérémonie ne permet pas de distinguer clairement son partenaire dans le noir, répètent les démonologues.»

Catherine Clément, Le musée des sorcières, 2020

http://www.philo-cvm.ca/?page_id=18103

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