Pistes de réflexions…

  • Qu’est-ce que ça prend pour qu’une fiction devienne réalité?
  • Quelles sont les conséquences de transformer l’imaginaire en une réalité?
  • Quel est le rôle des institutions par rapport à notre perception de ce qu’était la sorcière et ce qu’elle est aujourd’hui?
  • La figure de la sorcière a-t-elle réellement évolué?
  • Quelles sont les différentes représentations de la figure de la sorcière au cours des siècles? Qui en est les instigateurs/responsables et pourquoi?
  • Quel est le reflet de la banalisation du sort des sorcières sur la société actuelle?
  • Pourquoi la marginalité est-elle réprimée?

Matière hebdomadaire – Résumé des textes – Recherche

L’évolution de la figure de la sorcière/femme en Occident

(La représentation de la sorcière est étroitement liée avec le rôle de la femme à chaque époque)

Mythologie 

(Magicienne plutôt que sorcière, sage-femme)

Antiquité grecque :

Médée

  • Magie dangereuse, étrangère, meurtrière, vengeresse

Circé

  • Fille du Soleil, femme fatale, amour et magie, séduction, animalité

Moyen-Âge

Le terme français « sorcière » est inventé « à partir d’une altération du sorcerius latin désignant le devin et le jeteur de sort ».[1]

Le catholicisme est reconnu comme la seule et vraie religion au monde

1231 : Inquisition par le Pape Grégoire IX

  • Répression des hérétiques (personnes qui soutiennent une doctrine contraire à l’enseignement de la religion – sorcellerie, homosexualité, adultère, zoophilie)

Comment peut-on comparer de tels actes?

Chasse aux sorcières (Du Moyen-Âge à aujourd’hui…):

  • Poursuite, persécution, condamnation systémique de personnes accusées de sorcellerie (majoritairement des femmes)

« Mais le fait exceptionnel, c’est que plus de 80 % des personnes jugées et exécutées en Europe au XVIe et au XVIIe siècles pour des crimes de sorcellerie furent des femmes. »[2]

  • Envoyées au bûcher, brûlées (XVIe et XVIIe siècle)

Pourquoi?

Pour l’église (dirigée par des hommes) :

  • L’émancipation des femmes fait peur (les sorcières étant des femmes indépendantes et libres)

*Les sorcières étaient généralement célibataires ou veuves, donc pas sous le contrôle d’un homme. Elles étaient plus vieilles, donc nécessairement moins utiles (pas de travail, pas d’enfant, moins « belles »).

  • Ceux qui n’adhèrent pas à l’église = Diable (effrayer pour inciter au bien)[3]
  • L’église le voit comme une opposition avec la religion, mais il s’agit seulement d’une pratique différente.

« La grande différence, c’est que nous ne sommes pas une religion organisée. Certaines personnes pratiquent la sorcellerie dans des convents, et d’autres la pratiquent individuellement. Il n’y a aucune hiérarchie religieuse centrale. » [4]

« Oui, les sorcières jettent des sorts. Elles font des rituels et des incantations. Mais quand on y pense, prier, allumer une bougie dans une église, en quoi c’est différent? Les gens prient leurs puissances divines et je prie les miennes. C’est ce que fait une sorcière moderne. » [5]

Donc, les sorcières ont leurs propres croyances et parviennent à trouver des réponses par elles-mêmes. L’église veut trouver un moyen de les contrôler…

Les femmes deviennent le bouc-émissaire.

Pourquoi avoir continué en voyant qu’elle n’était pas une menace?

Rationalisation instrumentale (Quoi faire concrètement pour éviter que les femmes prennent le pouvoir?) Là n’était pas le but de ces femmes, je crois.

  • Inquisition
  • Chasse aux sorcières

Pour la société :

  • Méfiance et suspicion quant à ce qui est hors norme (comportement, apparence…)
  • Méfiance envers le savoir et la connaissance de ce qui est inconnu pour autrui

« En voulant tout justifier, on se donne des raisons dont la raison est exclue. » [6]

  • Massacre public = peur des autres femmes + véracité du phénomène (tout le monde les croit coupables de quelques chose)
  • Obéissance, naïveté face aux institutions au pouvoir : Ceci est mal, ceci est bien

*désinformation*

Pour l’État :

  • Opportunité d’affirmer la souveraineté de l’État (laïcisation) – Les procès de sorcellerie sont d’ordre étatique

La place de la femme au Moyen-Âge

  • Place grandissante de la femme dans l’espace social

[Prise de pouvoir par l’État = moins d’importance accordée à la religion]

*Une vision plus rationnelle et logique s’installe, ce qui ne laisse toujours pas de place à la sorcellerie (et aux femmes en général).

En politique (point de vue de l’homme) :

  • L’homme est le plus fort, le plus intelligent, le chef de famille, donc celui au pouvoir
  • La femme déconcentre l’homme, elle le tente (malgré elle, sans le provoquer)

« Deux coqs vivaient en paix : une poule survint et voilà la guerre allumée », déclare un certain Duplantier au Sénat en 1932. Plus grave encore, selon Bodin, la puissance entre les mains d’une femme s’exerce dans la cruauté et le meurtre : en témoignent les cas d’Athalie, reine de Juda, Cléopâtre, Zénobie, sans perler, à Naples, de Jeanne, « qui pour sa lubricité fut surnommée la Louvette » et a tué ses trois maris. Une femme au pouvoir est donc peu différente d’une sorcière, bien que Bodin ne parle pas du tout de sorcellerie dans la République : elle est semblable à celles qui, ayant reçu des pouvoirs du Diable, les exercent toujours pour faire le Mal. »[7]

La banalisation du problème 

  • La laïcisation de la société entraîne un désintérêt, voire une moquerie pour les figures divines telles que le Diable.

« Ainsi Machiavel pointe-t-il de façon humoristique le véritable fléau que ses contemporains au même moment dramatisent dans les procès en sorcellerie car, s’il renvoie le Diable, devenu un être mythique dans un Enfer imaginaire, les femmes, elles, restent bien réelles et toujours aussi nocives sur terre. »[8]

  • Les sorcières n’étaient qu’un prétexte : la domination des hommes par les femmes était le but premier. Une fois le but atteint, la sorcière devient une figure fictive.

Conséquences

  • Les femmes se voient enlever du pouvoir, de la liberté et de l’indépendance.
  • Les femmes sont sous la tutelle de leur mari, elles ne sont plus sur le même piédestal que l’homme dans leur relation conjugale.
  • Les femmes ont peur, elles sont le bouc émissaire de tous les malheurs, donc elles obéissent.
  • Femmes au service de l’homme (sexualité, tâches quotidiennes, …)
  • Répulsion de la sexualité non-procréative
  • Création des stéréotypes de la figure de la sorcière

Comment expliquer les stéréotypes de la sorcière…

  • La sorcière qui mange des enfants :

« Le lien entre contraception, avortement et sorcellerie apparaît pour la première fois dans la bulle d’Innocent VIII (1484) qui déplore alors que :

Par leurs incantations, leurs sortilèges, leurs conjurations et autres superstitions maudites et charmes horribles, leurs énormités et leurs offenses, les sorcières détruisent la progéniture des femmes […] Elles entravent les hommes dans leur génération et les femmes dans leur conception; il s’ensuit que ni les maris avec leurs femmes, ni les femmes avec leurs maris ne peuvent accomplir d’actes sexuels. »[9]

Les avortements sont considérés comme des infanticides = criminel = exécution

(À l’époque, on lui retire le droit d’être sage-femme soi-disant qu’elle met à péril la procréation.)

  • Les potions magiques : Les sorcières étaient des femmes ayant des savoirs et des connaissances en botanique (plantes médicinales).
  • L’apparence physique : Vieilles femmes en marge de la société, pauvres
  • Le balai : Sexualisation de la femme

Bref, la femme n’est pas prise au sérieux, on ne lui fait pas confiance… Ça se traduit encore aujourd’hui dans les milieux de travail.

La sorcière et le féminisme 

« La sorcière était aussi la femme rebelle qui répondait, se défendait, jurait et ne pleurait pas sous la torture. Le mot « rebelle » ne fait ici pas référence nécessairement à une activité subversive spécifique dans laquelle des femmes peuvent être impliquées. Il décrit plutôt la personnalité féminine qui s’était développée, particulièrement au sein de la paysannerie, dans le cours des luttes contre le pouvoir féodal, quand des femmes avaient été au premier plan de mouvements hérétiques, s’organisant souvent en associations de femmes, posant ainsi un défi grandissant à l’autorité masculine de l’Église. Les descriptions des sorcières nous remémorent les femmes telles qu’elles étaient représentées dans les moralités et les fabliaux : prêtes à prendre l’initiative, aussi agressives et vigoureuses que les hommes, portant des habits d’hommes, ou fièrement juchées sur le dos de leurs maris, un fouet à la main. »[10]

Ressemblances :

  • Revendiquer l’égalité des sexes dans la société
  • Ambition, courage, assurance, indépendance
  • Groupes de femmes (n’ont ni le pouvoir, ni l’attention, ni l’écoute, ni l’influence, donc se retrouvent entre elles et partagent les mêmes croyances)
  • Libération sexuelle et psychologique

La sorcière dans l’imaginaire collectif

Dans notre société capitaliste :

Figure de la sorcière vendue ($) comme un personnage fictif 

(Ridiculisation des horreurs qui ont été commises et de celles qui se considèrent sorcière)

« La vente de poupées dans des boutiques de souvenirs comme celles que l’on trouve en Espagne « perpétue l’idée que les soi-disant sorcières… n’ont pas été victimes d’une terrible persécution, mais étaient des personnages fictifs », explique Silvia Federici, auteur de Caliban et la sorcière. « Je ne pense pas que les touristes qui achètent ces poupées se rendent compte qu’il s’agissait de femmes qui ont été accusées de crimes fictifs, puis torturées de la plus horrible des manières et le plus souvent brûlées vives. »[11]

Culture de désinformation/mésinformation :

Les institutions préfèrent cacher la vérité ou et la transformer (ils en sont capables) plutôt que de prendre le blâme et de s’excuser. Le mythe autour de la sorcière est nourri par tout le monde (parents, enseignants, médias, religion, État)

Comment?

Par la culture…

La figure de la sorcière dans les films, à la télévision ou dans les livres :

  • Laide, vieille, repoussante
  • Belle, sexualisée, envoûtante
  • Méchante, machiavélique, dangereuse
  • Seule
  • Costumée

Elle n’a aucune issue; il faut s’en méfier.

L’opposition entre les deux figures de la sorcière met en lumière les défis que les femmes vivent aujourd’hui…

L’apparence physique définit la personne : elle ne peut ni être notre belle, ni trop laide, ni trop vieille, ni trop charmante, ni trop attirante, ni trop différente… mais quand même un peu, car le mystère est excitant!

Dans tout ça, qu’est-ce que la femme veut vraiment? Que peut-elle faire? Et non… Que doit-elle faire?

La figure de la sorcière telle qu’on la connait a été inventée par des hommes, mais la culture perpétue cette image dégradante de la femme et ce mépris ou cette méfiance envers les sorcières. La culture nourrit l’imaginaire collectif, les préjugés et chacun est responsable/coupable de s’y conformer. Une perception commune devient plus réelle, plus vraie.

La société a toujours eu de la difficulté à accepter la marginalité, les différence, les minorités (les sorcières répondent à tous ces critères). On tend à catégoriser les gens. Le pouvoir, lui, tend à instaurer la peur pour diriger et c’est dangereux parce que ça nourrit la haine et la division des groupes.


Médiagraphie

Barreto, S. (2019, 2 juillet). Inquisition : ce qu’il faut retenir sur cette institution de l’Eglise. Geo.fr. https://www.geo.fr/histoire/inquisition-ce-quil-faut-retenir-sur-cette-institution-de-leglise-196346

LES SORCIÈRES AU MOYEN-ÂGE. (2011, 6 novembre). Rablog. http://rablog.unblog.fr/2011/11/06/les-sorcieres-au-moyen-age/comment-page-1/

Gardiner, K. (2020, 26 octobre). La chasse aux sorcières est encore pratiquée au 21e siècle dans de nombreuses régions du monde, en particulier en Afrique subsaharienne, en Inde et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. National Geographic. https://www.nationalgeographic.fr/voyage/2020/10/les-sorcieres-existent-bel-et-bien-et-depuis-des-siecles-elles-sont-persecutees

Piqueur, L. (2017, 12 septembre). Entretien avec une sorcière. Urbania. https://urbania.ca/article/entretien-avec-une-sorciere

Le legs antique. Les filles d’Hécate | Dossier de l’Art n° 280. (2020). Éditions Faton. https://www.dossiers-art.com/numero-280/sorcieres-representation-l-antiquite-a-nos-jours/legs-antique-filles-d-hecate.51708.php#article_51708

Tous les textes trouvés sur : http://www.philo-cvm.ca/?p=14450


[1] https://www.dossiers-art.com/numero-280/sorcieres-representation-l-antiquite-a-nos-jours/legs-antique-filles-d-hecate.51708.php#article_51708

[2] http://www.philo-cvm.ca/?page_id=290

[3] http://www.philo-cvm.ca/?page_id=34

[4] https://urbania.ca/article/entretien-avec-une-sorciere

[5] https://urbania.ca/article/entretien-avec-une-sorciere

[6] http://www.philo-cvm.ca/?page_id=34

[7] http://www.philo-cvm.ca/?page_id=259

[8] http://www.philo-cvm.ca/?page_id=259

[9] http://www.philo-cvm.ca/?page_id=290

[10] http://www.philo-cvm.ca/?page_id=290

[11] https://www.nationalgeographic.fr/voyage/2020/10/les-sorcieres-existent-bel-et-bien-et-depuis-des-siecles-elles-sont-persecutees


« Ainsi Machiavel pointe-t-il de façon humoristique le véritable fléau que ses contemporains au même moment dramatisent dans les procès en sorcellerie car, s’il renvoie le Diable, devenu un être mythique dans un Enfer imaginaire, les femmes, elles, restent bien réelles et toujours aussi nocives sur terre. »[1]

De magicienne, à Diable, à repoussante, puis envoûtante, la représentation de la sorcière s’est transformée à travers les siècles, mais elle ne semble pas avoir évolué pour autant. Au contraire, les générations entretiennent cette croyance populaire sans jamais chercher à la démystifier. La culture nourrit l’imaginaire collectif par les clichés et tous s’y conforment. Une perception commune devient nécessairement plus réelle, plus vraie. Il est pertinent de retracer l’histoire de sorcières afin de comprendre d’où vient ce mépris ou cette méfiance envers ces dernières, pire, cette image dégradante de la femme inférieure à l’homme. Comment se fait-il que personne ne s’y oppose? D’une part, parce que l’église et l’état ont abusé de leur pouvoir, de l’autre parce qu’il y a eu banalisation du problème et finalement, à cause d’une culture malsaine qui perpétue des idéologies faussées et des préjugés sans tenir des conséquences.  

Le rôle que prend la sorcière est étroitement lié avec celui de la femme à chaque époque. À l’Antiquité, celle-ci est vue comme une magicienne, une guérisseuse. C’est de là que vient l’idée des potions magiques : les sorcières avaient des savoirs et des connaissances en botanique, elles avaient recours aux plantes médicinales. Puis, vient le Moyen-Âge. La femme s’impose dans une société patriarcale, sa place grandit dans l’espace social et le christianisme a pour elle quelques avantages tels que l’égalité de tous devant Dieu, ou encore la doctrine du mariage. Pour l’Église, dirigée par des hommes, l’émancipation des femmes est à craindre. Les sorcières étaient généralement célibataires ou veuves, elles n’étaient alors pas sous le contrôle d’un homme. Elles étaient plus vieilles, donc nécessairement moins utiles, c’est-à-dire qu’elles ne travaillaient plus utant, qu’elles ne pouvaient plus avoir d’enfant et qu’elles n’étaient plus aussi « agréables à regarder ». Par ailleurs, la sorcière n’adhérait pas au catholicisme, seule et vraie religion reconnue au monde à l’époque, l’Église la voit alors comme une menace, à tort. « La grande différence, c’est que nous ne sommes pas une religion organisée. Certaines personnes pratiquent la sorcellerie dans des convents, et d’autres la pratiquent individuellement. Il n’y a aucune hiérarchie religieuse centrale. » [2] La sorcière devient le bouc émissaire de l’autorité religieuse, qui doit maintenant trouver une façon d’être appuyée en répandant la croyance. L’Église choisit d’effrayer pour inciter au bien, du moins ce qu’elle considère bien.

L’inquisition du Pape Grégoire IX, où étaient jugés pareillement la sorcellerie et l’homosexualité, à l’adultère et la zoophilie, n’obtient pas les résultats escomptés. Par un principe de rationalisation instrumentale est née la chasse aux sorcières au XVIe siècle :  poursuites, persécutions et condamnation systémique de personnes, majoritairement femmes, accusées de sorcellerie. Elles étaient envoyées au bûcher, brûler vives ou noyer. C’est ce qu’on croyait bon de faire pour éviter que les femmes prennent le pouvoir, alors que rien n’indique qu’il s’agissait de leurs intentions. « En voulant tout justifier, on se donne des raisons dont la raison est exclue. »  Les massacres publics étaient une bonne tactique pour faire grandir la méfiance du peuple qui se montrait naïf face à l’autorité. Cela nourrissait la croyance du phénomène de la sorcière mauvaise, jeteuse de sort. Les femmes, elles-mêmes, étaient si terrifiées à l’idée d’être tuées qu’elles obéissaient et se faisaient petites.

Au même moment, l’Église et l’État sont dans une guerre de pouvoir. Il est aberrant de penser que le gouvernement a profité du malheur des femmes pour affirmer sa souveraineté en prenant en charge les procès de sorcellerie. De plus, il n’est pas étonnant d’apprendre que les femmes étaient exclues de la politique sous prétexte que l’homme était plus intelligent, plus fort et que la femme le déconcentrait en le tentant, bien malgré elle. C’est un point tournant de l’histoire, car de-là découle l’attitude que nous avons envers la figure réductrice de la sorcière, mais aussi celle de la femme en général. La vision plus rationnelle et logique qu’apporte l’État ne laisse toujours pas de place à la sorcellerie, ni aux femmes qu’on associe à la nature qu’il faut dompter. Puis, la laïcisation progressive de la société entraîne un désintérêt, voire une moquerie quant aux figures mystiques telles que le Diable incarné par la sorcière. C’est à se demander si elle n’était pas qu’une excuse vis-à-vis de l’oppression des femmes, pour la rendre plus acceptable.

En conséquent, les femmes se voient retirer leur liberté et leur indépendance. Elles ne sont plus sur le même piédestal que l’homme dans leur relation conjugale. La femme, sous la tutelle de son mari, est à son service tant dans les tâches quotidiennes, que dans l’intimité. Les stéréotypes grossiers de la sorcière s’installent peu à peu dans l’imaginaire collectif. Prenons exemple de la sorcière sur son balai qui dénote la sexualisation que l’on faisait des femmes. On pourrait même expliquer celui de la sorcière qui mange des enfants par le fait qu’originalement sage-femme, elle procédait à des avortements, donc on l’accusait d’infanticides et on l’exécutait. Bref, la femme n’a jamais été prise au sérieux : on ne lui fait pas confiance et on ne s’intéresse pas assez à elle pour la comprendre. Ça se traduit encore aujourd’hui dans les milieux de travail où elle doit se prouver davantage que l’homme.

À ce sujet, il n’est pas surprenant que les militantes féministes s’approprient la figure de la sorcière. Elles se reconnaissent en elle par leurs ambitions, leur courage, leur assurance et leur indépendance. Elles veulent lui rendre justice, voire lui rendre honneur en revendiquant l’égalité des sexes dans la société et en encourageant la libération sexuelle et psychologique des femmes.

Tout compte fait, nos institutions sont les responsables de ce crime de genre. Il faut veiller à ce qu’elles n’aient pas tout le pouvoir entre leurs mains et qu’elles soient plus neutres vis-à-vis des individus plutôt que de vouloir s’enrichir sur le dos de certains. Il serait important de revoir notre culture qui s’avère parfois négative lorsqu’elle encourage et perpétue de fausses croyances porteuses d’idées discriminatoires. Les institutions telles que le gouvernement et l’Église, mais aussi les établissements scolaires et les médias, par exemple, préfèrent cacher la vérité ou la transformer, plutôt que de prendre le blâme, prendre parti, ou encore s’excuser. Le gouvernement tend à instaurer la peur pour diriger et c’est dangereux parce que ça nourrit la haine et la division des groupes. Le mythe autour de la sorcière est nourri par chacun d’entre nous, mais sommes-nous vraiment à blâmer? J’aurais tendance à croire que nous avons été leurrés par cette culture de désinformation, voire cette culture du viol qui perpétue l’image dégradante de la femme au sein de notre société.


[1] http://www.philo-cvm.ca/?page_id=259

[2] https://urbania.ca/article/entretien-avec-une-sorciere

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *