«- Qu’est ce que vous emporteriez si votre maison brûlait?

– J’emporterais le feu.» Cocteau

«Nous sommes censurés par notre époque. Nous nous croyons libre parce que nous disons du mal des idéologies d’une autre époque, mais devant les idéologies sincères ou artificielles de la notre, nous sommes excessivement timides. » Yourcenar

L’imaginaire qui entoure la sorcière se transforme.

Ces « nouvelles sorcières», je les cites ici, je les présentes, ce sont : Patti Smith, Janis Joplin, Alice Coltrane, Virginia Woolf, Marguerite Yourcenar. Ce sont les sorcières que je connais en tout cas. Et je ne peux citer toutes celles qui n’ont aucune vie publique, et dont je ne pourrais trouver de braves citations sur internet. Les sorcières évoluent et je dirais : qu’est ce qu’une sorcière d’autre qu’une humaine qui possède de grands pouvoirs. Et alors le champ s’ouvre, et les champs se calment. Les mères, les soeurs, les prêtresse, les intellectuelles, les philosophe (e)s, les artiste(e)s, sont toutes des descendantes de sorcières. Même les humains (hommes) sont des sorcières, puisque la perche leur est tendue. Et j’utilise ce «E» de plus, pour des raisons qui apparaissent très vivement dans cet extrait de l’unique roman de Jonathan Litell : Les bienveillantes.

Quelles sont les nouvelles formes de sorcelleries ?

Rituels inspirées de sagesse autochtone, prise de substances naturelles psychédéliques, omniprésence d’un symbolisme magique dans l’art urbain et les lieux communs, cultures raves, renaissance des psychédéliques et réexploitation de la symbolique magique dans une idée révolutionnaire artistique se produisant sous nos yeux, en plein jour, se faufilant dans nos habitudes ?

La femme actuelle, se transforme, se redéfinit, comme tous l’univers d’ailleurs; les plaques techtoniques grondent sous nos pieds. La sorcière est celle qui se redéfinit, justement, ou qui échappe à la définition. Son pouvoir est incompréhensible pour la raison.

Le système est clair, n’est-ce pas ? La raison, le calcul, la domination, le controle, sont des formes d’égoismes qu’on associe par pragmatisme à la masculinité (la mort) ; la douceur, l’amour, le contact, la naissance, la sensualité sont des qualités qu’on associe à la féminité par opposition . Dans ce modèle, les hommes (le mal) controle les femmes (le bien) parce que les femmes (le bien) leur demande d’abandonner leur nature (le mal). À ce modèle se plaque le modèle écologiste, les femmes (la nature) et les hommes (le cash). Et ainsi se construisent nos camps, nos bases qui instituent le bien et le mal, les situent dans le monde social. Encore une fois, nous savons qui blamer, nous savons à qui est la faute, et alors il faut punir … Et souvent, comme le dit Yourcenar, les femmes se batent pour avoir la même vie que les hommes, et cela semble la bonne chose à faire, de laisser aux femmes la misère des hommes, pour plus qu’équité. Tous les sentiments sacrés sont du côtés des femmes, et il ne serait pas niais d’imaginer l’histoire d’un point de vue matriarchal. Je veux dire que beaucoup du féminisme actuel, en tout cas ce que j’en entends dans le discours communémment admis, rejettent la puissance, et le pouvoir qu’on eut les femmes dans toutes les grandes périodes historiques, et même l’idée selon laquelle, peut-être qu’il y aurait eue des sociétés ou les femmes souffraient moins que les hommes, alors que je pense que cette affirmation est parfaitement imaginable. Au fond, il y a une sorte de duel qui se dessine, un duel, une compétition du plus mauvais et du plus bon, un duel éthique en somme, et qui demande des gens au bucher.

Faut-il se dresser contre l’homme ? Marguerite Yourcenar nous dit que ça n’est ni nécessaire, ni naturel.

À explorer…

Comment la magie vient renverser le modèle technico-capitaliste ?

Ou en est rendu, quel est l’état de cette renaissance de la sorcellerie ?

Ou trouver la magie, facilement, comment y accéder ?

Adam et Ève d’abord. Un malentendu, certainement. L’un vient de la côte de l’autre. Déjà, la domination. Mais qu’est ce qu’une femme? Marguerite Yourcenar nous rappelle à l’humanité de la femme. Combien de fois dans une journée, en somme, est-ce qu’une femme se sent femme, autre que dans les moments où il lui est demandée, socialement, de se considérer comme femme. À ces considérations, je plaque le modèle de la sorcière, qui clarifie le modèle de domination, qui est un moyen de l’imaginer. Ce modèle permet les débordements mutuels du combat féministe, du combat écologique et du combat anticapitaliste. Les mêmes persécuteurs dans les trois cas : les hommes. Mais qu’est-ce qu’un homme ? Au fond, personne ne le sait. Tout le monde interprète. Quoi accepter dans la rhétorique féministe ? Quoi refuser ? Et au fond, qu’est ce que tous ces mots qui se cherchent et cherchent et à la fois fuient ce qui s’approche ?

Je suis homme, d’abord. En fait non, en dernier. Je finis par être homme, à force. Je suis un homme qui parle des femmes, alors j’étudie à distance. Quand est-ce que j’ai été proche des femmes ? Dans mon désir ? Mon désir, ma sexualité, voilà à quoi je suis réduit, au fond. Et ça me rappelle le Satiricon de Fellini qui nous plonge dans un empire Romain décadent, dans sa sexualité surtout, il y a comme, devant la chute inévitable de l’empire, une frénésie sexuelle qui s’attaque à tous et il n’y a plus que la fornication. Pourtant, on dit que le jeunes baisent de moins en moins ces jours-ci. Pourtant, la population augmente sans cesse. Qui baise?

 Auprès de ma mère ? Là, j’ai été un ardent féministe, le plus proche de la femme que j’ai jamais été, c’est dans le ventre de l’une d’elles.

D’où nait la guerre entre les hommes et les femmes ? Dès qu’il y a frontière, il y a guerre pour la défendre… Les femmes et les hommes se campent. Nous sommes à l’air à la fois de la complète polarité et à la fois d’une tentative de destruction des frontières. Le chaos contre l’ordre. L’ordre c’est l’homme et la femme. Le chaos, c’est l’humain.  La machine s’accélère, les particules se mélangent, explosent ensembles.

Les sorcières sont seulement celles qui ont de grands pouvoirs. Et le pouvoir de nos jours, est une donnée controversée. Une vieille dame qui s’assoit dans son rocking chair et fume des cigarettes toute la journée est une sorcière. C’est le pouvoir qui est à redéfinir, pas la sorcière. Au fond, je suis sorcière. Un peu, je me sens sorcière. Ma mère est sorcière. J’ai rencontré des sorcières authentiques du Québec, des sorcières autochtones. Tout le monde essai de se faire sorcière. Les sorcières sont à la mode; le féminisme pourtant perd souvent en popularité. La sorcière est peut-être la plus belle image du féminisme. La sorcière, c’est la liberté. Les punks, les hippies, les goths; les contre-cultures sont toutes à l’image de la sorcière. Pourtant la sorcière, là-bas, dans ses bois, était tout autre. Cette vraie sorcière qui n’est plus représentations, il faut la retrouver, cette vraie sorcière, qui s’incarne.

La magie, plutôt la poésie, ou justement le pouvoir de l’imaginaire sur la réalité donc le renversement de l’objet indépendant du regard. Le language du réel. La géopoétique. La motivation du language.

L’assujetissement de la femme s’est produit en parallèle avec l’assujetissement de la nature et la naissance d’un dogmatisme scientifique qui prévalait sur les sciences occultes, médecines traditionnelles, sagesses ancestrales.

Les cultures pré-agricultures, nomades, chasseuses-cueilleuses vivaient sous une matriarchie, la déesse de la fécondité, première religion humaine, est omniprésente dans tous les vestiges de cette époque, associée au culte de la vache.

Les plantes psychédéliques guérissent; elles sont donc en compétition avec la médecine occidentale. Ce qui intrigue, c’est que nous ne savons pas vraiment ce qui se passe durant un trip; cette perte de contrôle de l’humain face à la nature dérange le milieu médical, pourtant ces plantes sont consommés dans les grandes civilisations sud-américaine depuis des milliers d’années. Les colons ont vite classé cette pratique sous l’appellation facilement prodigué de barbarie. Comment une civilisation précoloniale pouvait-elle plus en savoir sur la médecine que nos chimistes occidentaux? Mais aujourd’hui, ces arguments font la risée du bon sens. Enfin, l’esprit colonisateur n’est-il pas completement mis à l’échec, au placard de l’homme, comme une chose inavouable, au sommet de la hierarchie des atrocités ?

Avec la perte du rituel chamanique de consommation d’hallucinogène, les sociétés se sédentarisent et entrent souvent dans l’ère patriarcale ou le but et développement de la société vise en grande partie à taire, à dominer la féminité puisqu’elle échappe à la compréhension (en tout cas c’est ce qu’on veut nous faire croire ) , la dimension mystique de la femme effraie l’égo contrôlant du pouvoir assujétissant. D’ailleurs ce sont toujours les formes de transgression en apparence innocentes et impuissantes qui font le sujet de la plus grande répression; on trouve des exemples de cela aujourd’hui encore dans la manière dont les autorités surinvestissent les lieux de manifestations en terme de présence de force de l’ordre. Ce que les hommes peinnent à réaliser, et fond c’est ce qui leur fait le plus peur, c’est l’humanité des femmes; les humaines en fin de comptes. C’est devant l’acte tant de fois répété de la négation de l’humanité des femmes, que l’homme choisis la violence comme justification de la déshumanisation déjà engrengée.

Donc, ce qu’on reproche à la sorcière, c’est aussi ce qu’on reproche à la sorcellerie, une liberté psychique qui échappe au pouvoir humain (masculin ?…).

Il faut saisir la renaissance psychédélique alors comme une renaissance féministe qui engage la femme, et l’homme à reprendre contact avec le sacré, mais aussi avec la nature; nature magique par le fait-même quand estimée comme telle, sans un désir de plier la nature à la volonté de l’homme.

Trouver le psychédélique dans les rues de Montréal, et en tant que culture, témoigne d’une prise de conscience généralisée, sous jacente, qui rappelle à l’homme ses origines matriarcales et ses anciennes collaborations avec le monde naturel.

(Toutes ses informations me viennent du livre Food of the Gods, de Terrence Mckenna.)

https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/800816/chronique-sorcieres-comme-autres

https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/800816/chronique-sorcieres-comme-autres

https://vih.org/drogues-et-rdr/20240122/la-renaissance-psychedelique

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