Cours 1
Passer du féminisme au Gangsta Rap et l’inverse, est-ce possible? Quelles sont les difficultés d’interprétation du rap montréalais?
Figure de la sorcière : représentation, banalisation, longue histoire de répression à l’égard des femmes. Hip-hop : aussi une histoire de répression. Question de la ségrégation et du racisme, de l’esclavagisme
Problème de la résistance politique, les mécanismes de résistance politique. Résistance politique : s’organise quand il y a des rapports de pouvoir et de domination.
Le sujet principal est en fait la lutte pour l’égalité et la justice dans le contexte de l’histoire des Afro-Américains.
Angela Davis : Black Panthers, parti communiste

Il faut réfléchir avec une logique de l’interprétation
Dans tous les modes d’expression du hip-hop, il y a une immense tension à l’œuvre. Tension qui renvoie à des idées, des valeurs, des idéologies,
Dans le rap, il y a des paradoxes, des contradictions. Par exemple, peut-on être féministe et aimer le Gangsta rap?
Idée de rédaction: En tant que moyen d’affranchissement de l’oppression d’un pouvoir hégémonique, en tant que moyen d’expression d’un groupe dominé, le hip-hop est une arme à double tranchant, dans le sens qu’il peut également être une source d’oppression pour la femme, autre minorité. Question: Le hip-hop opprime-t-il ou libère-t-il la femme?
Rapport entre l’individualisme (libéral, privé) et le collectivisme (communautaire, public). Pôles de tensions très important entre les deux:
Individu | Société |
Individualisme | Collectivisme |
Libéral | Communisme |
Privé | Public |
Nationaliste | Intégrationniste |
Il y a des impasses dans nos société (comme celle-ci-dessus). Le hip-hop est une réponse à certaines impasses qui, socialement, sont difficiles à lire.On intériorise la notion de propriété privée comme si c’était naturel, et cela nous empêche d’interpréter le hip-hop.
Pour comprendre le hip-hop, il faudra se détacher de certaines idées qui nous semblent naturelles mais qui sont en réalité conventionnelles.
Il faut donc analyser les conséquences des échanges/transactions entre les humains, selon Dewey.
Par exemple, si des hommes d’affaires, entre eux, font la transaction d’une forêt pleine d’arbres (l’un achète le terrain à l’autre) au privé, cela a tout de même une incidence sur le public (pollution de l’environnement, etc.)
Idéologies-Principes-Idées
Distinction (tension) entre…
Libéralisme | Communautarisme |
-Affirme la primauté des droits de la personne sur les droits de la nation -Implique des réglementations ayant pour objectif de protéger les libertés individuelles -L’État et le droit ont pour fonction d’assurer l’indépendance des personnes devant l’emporter sur la majorité -La réussite de la vie de l’individu relève du domaine privé -C’est la neutralité de l’espace public -Conception abstraite du citoyen | -Idée que ce sont les communautés qui permettent aux individus d’exister et de donner du sens à leur vie -Considère le vivre ensemble comme une interaction dynamique par laquelle chacun a des choses à apporter aux autres -Cadre juridique offert par l’État devrait garantir le vivre ensemble -Demande qu’on prenne en compte l’altérité sans imposer le conformisme -Valorisation de la différence entre les individus |
Impasse qui découle de l’opposition entre le libéralisme et le communautarisme (rapport gauche-droite, démocrates-républicains…) Le hip-hop est une réponse à cette impasse.
Ce sont ces idéologies qui forgent notre société, mais elles sont opposées. Le discours n’a pas réglé les problèmes concrètement. Le racisme existe encore, le sexisme aussi. Injustices, inégalités que l’on ne voit pas si on accepte sans critiquer les principes qui sont à l’œuvre.
Il y a une différence entre discuter des problèmes de manière théorique et véritablement régler les enjeux sociaux. Il y a du racisme systémique au Québec.
Les luttes sont ouvertement, explicitement critiques et les institutions au pouvoir exercent une répression violente. Chanson Fuck the police : critique de l’État par rapport aux individus
Quelles difficultés rencontrons-nous pour interpréter les vidéos et les chansons de street rap?
Connaisseur Ticaso : Sur le corner → On parle d’un territoire, d’une manière de vivre. On glorifie la vie de rue.
Sans pression : Territoire hostile → Déterminisme social : on n’est pas dans la rue par choix. On montre quelque chose qui n’est pas visible : résistance politique. Dénonciation. Encore l’emphase sur le territoire. La vie de rue est coupée du monde : un autre univers de règles sociales. Une certaine réalité montréalaise.
Orelsan : L’odeur de l’essence → Critique du libéralisme, de l’individualisme, du capitalisme, du monde moderne. Personne blanche dans le rap?
Nekfeu : Nique les clônes → Critique du conformisme, de l’hypocrisie des personnes riches et du système

Cours 2: Ségrégation, racisme, inégalités sociales et injustices
Une lutte qui ne prend que la forme de la théorie ne fonctionne pas. Par exemple, Angela Davis a milité toute sa vie pour l’abolition des prisons aux États-Unis, mais concrètement, les incarcérations continuent d’augmenter. C’est un exemple d’impasse. Le hip-hop est une réponse à ces impasses, à cette injustice, cette inégalité.
→ Problème de l’interprétation : expression subjective, tensions, conflits, contradictions. Réalités sociales vécues.
Tension entre « intégrationnisme » et nationalisme. « Devons-nous sauver l’Amérique ou nous sauver nous-mêmes? » – Jeff Chang
Martin Luther King : Non-violence Malcom X: violence (radical) James Baldwin: esthétique
Figures symboliques dans le sport :
- Jackie Robinson (1947): Vient de Montréal, premier noir à être accepté dans la ligue majeur de baseball aux États. Grand militant pour la lutte contre l’injustice et l’inégalité (but : intégration). Héros du sport subissant tous les effets du racisme.
- Reggie Jackson (1977) : séries mondiales des Dodgers (LA) et Yankees (NY). Subit racisme de l’équipe. Héros national à la fois admiré et détesté. Le Bronx en feu pendant les séries.
L’ART : La passion – L’expression de la sensibilité
- Pas d’automatisme
- Reproduction de l’expérience est limitée : opposition à l’industrialisation
- Non-conformiste : exploration de nouvelles manières de penser ou de sentir/ressentir
- Libre d’interprétation, interprétations multiples, complexes
- Usage des sens – Provoque des émotions chez le spectateur
- Permet de vivre une expérience subjective
- On n’est pas dans quelque chose d’abstrait ou de théorique, c’est concret : c’est pourquoi le hip-hop, forme d’art, est un moyen d’expression et de dénonciation concret des injustices, des tensions, de la ségrégation, de la discrimination
- L’art véhicule beaucoup d’information, mais cette information doit être interprétée. C’est très subjectif.
- Information implicite à la représentation
- L’art sollicite et conserve la mémoire à la fois individuelle et collective
- L’art est dénonciateur, revendicateur
- Il est possible de cacher un message dans l’art
- L’art constitue (ou repose sur) un imaginaire commun
- C’est à la fois individualiste et universel, on se l’approprie et on se le partage
- L’art permet d’exprimer à la fois la joie et la tristesse : chansons au rythme entraînant qui dénoncent des problèmes sociaux

Cours 3: Rapports dominants-dominés
Théorie proposée par ethnologue américain James C. Scott : rapport de domination. Contrairement à Marx, ne croit pas que l’humain soit complètement aliéné. Comment un groupe de personnes sous l’emprise d’une forte domination arrive à se révolter? Comment arrive-t-on à faire une critique ouverte, directe du pouvoir et des structures sociales liées à celui-ci?
Hypothèse de James C. Scott : quand il y a pouvoir hégémonique de la part d’un groupe dominant sur un groupe dominé, il y a résistance.
Texte public : ce que les dominés disent en présence des dominants, ce que les dominants disent en présence des dominés. Les deux partis théâtralisent le rapport de pouvoir
Texte caché : ce que les dominés disent entre eux en l’absence des dominants et vice-versa
Exemple 1: rapport étudiant-professeur (c’est du théâtre). On ne se dit pas tout. Nous sommes dans un rapport de hiérarchie.
Exemple 2: attitude d’un serveur face à un client désagréable (on joue le jeu). On ne dira pas la même chose dans la cuisine que devant le client.
Les dominés produisent un texte caché aux yeux des dominants qui critique le pouvoir. Les dominants produisent un texte caché aux yeux des dominés qui exprime les dessous de l’exercice du pouvoir. Dans l’espace public, on fait comme si on n’était pas dans un rapport de domination.
Pour la rédaction: paradoxe entre le double rapport dominant-dominé dans le hip-hop (affranchissement de l’oppression du racisme, mais cause d’une oppression misogyne).
Théorie de C. Scott :
- Théâtralisation des rapports de domination dans l’espace public.
- Devoir d’interprétation : L’évaluation du degré de menace
- Le système a plus à craindre des dominés chez lesquels les institutions de l’hégémonie du pouvoir ont été les plus efficaces.
Sources intéressantes:
Le rap est-il encore misogyne? | La Presse Deux manières de voir les choses. 1: « Si une génération de rappeurs se dit de plus en plus conscientisée à la «culture du viol» et aux combats féministes, le gangsta rap fourbit ses armes plus que jamais. Qu’il soit parodique ou incarné, ce style ancré dans la criminalité réduit souvent la femme à un produit de consommation. » 2: «Limiter le rap et la culture hip-hop à « bitch » et à son côté commercialisé, misogyne, c’est très réducteur pour les filles qui font du rap, qui ont à se démener dans un milieu d’hommes et parfois machiste. On réduit l’apport que ces femmes ont à la culture hip-hop.» « Les intervenants sont unanimes: les énergies doivent cibler avant tout ceux qui relaient et reçoivent le message, et non le message lui-même, impossible à contrôler. »
En Marche – Le hip-hop et les femmes : une relation difficile ? « Par ailleurs, des initiatives émergent. Elles valorisent l’engagement des femmes dans le hip-hop. Cela se manifeste par des conférences-débats, des expositions, des concerts… qui mettent en lumière les femmes de l’ombre. L’exemple du projet « La Belle Hip-Hop » – un collectif visant à promouvoir des artistes féminines du monde du hip-hop – illustre bien ces nouvelles dynamiques. »
« La misogynie n’est en effet pas spécifique au hip-hop. On la retrouve dans d’autres courants artistiques, tout comme dans d’autres secteurs de la société. Ces représentations autour du hip-hop et plus particulièrement autour du rap sont liées à certains clips de rap. Ceux-ci véhiculent des images – sexistes – de femmes associées au matérialisme. Les corps féminins se dévoilent telles des marchandises, au même titre que les belles bagnoles ou les accessoires bling-bling. À cet égard, certains textes sont également problématiques. Mais il serait regrettable de réduire le hip-hop à ces représentations négatives. Le hip-hop est une véritable contre-culture, loin d’être monolithique. Les différents courants et styles qui la constituent ne se limitent pas à une seule définition. Le hip-hop n’est donc pas plus misogyne que d’autres styles artistiques, que ce soit le rock ou la variété française par exemple. On retrouve les mêmes clichés sexistes dans ces autres formes d’expression artistique plus populaires. »
2Pac – Keep Ya Head Up Lyrics | AZLyrics.com: Paroles d’une chanson féministe du rappeur 2Pac