Comment et pourquoi des femmes ont rallié la figure de sorcière au mouvement féministe et comment l’utilisent-elles pour combattre les inégalités et mettre en avant leurs valeurs ?

Cette citation de Tish Thawer tirée de son ouvrage à succès The Witches of BlackBrook, sorti en 2015, s’est retrouvée d’innombrables fois dans des manifestations féministes, dans les médias ainsi que sur les réseaux sociaux. Elle illustre la révolte que ressentent certaines femmes envers le passé et l’histoire de la chasse aux sorcières.

« Nous sommes les petites-filles des sorcières que vous n’avez pas été capables de brûler ».

Conceptualisation

Qu’est-ce que le féminisme : Une doctrine qui préconise l’égalité entre l’homme et la femme, et l’extension du rôle de la femme dans la société

Qu’est-ce qu’est la sorcellerie : C’est une pratique magique en vue d’exercer une action, généralement néfaste, sur un être humain (sort, envoûtement, possession), sur des animaux ou des plantes (maladies du bétail, mauvaises récoltes, etc.).

Différences entre un sorcier et une sorcière : Un sorcier est vu comme un homme qui connaît beaucoup de formules et d’enchantements, souvent illustré comme un mage ou un guérisseur. Il possède une image plutôt positive, on peut penser à quelques exemples comme Harry Potter ou encore à Merlin. Au contraire, une sorcière est souvent décrite comme une vieille femme, laide, qui chevauche un balai volant, qui jette des sorts et qui utilise ses connaissances en magie à des fins maléfiques. On en conclut donc que par sa définition, on associe déjà à la sorcière des caractéristiques péjoratives.

Comment des femmes ont été accusées de sorcières ? Dans quels contextes ces accusations sont apparues et quels sont les résultats engendrés ?

Nous sommes au XVe siècle et la chasse aux sorcières débute. Mais quels sont les critères pour être accusée de sorcière ? C’est simple, il suffit d’être une femme indépendante, d’avoir des connaissances en médecine et en herbologie, de tenir tête à ses voisins, d’avoir un fort caractère ou encore d’avoir une sexualité un peu trop libre. Comme le dit si bien Mona Chollet dans Sorcières, la puissance invaincue des femmes : « Toute tête féminine qui dépassait pouvait susciter des vocations de chasseur de sorcières ». Cela signifie que si une femme se faisait remarquer pour ses idées et son mode de vie un peu trop progressistes, elle risquait d’avoir de gros problèmes.

Quel est donc le résultat de cette oppression ? Les femmes ont commencé à faire profil bas et, de génération en génération ont intégrées en elles des comportements tirés d’idéologies patriarcales et religieuses. Être une bonne femme signifiait donc être discrète, docile, prude, polie, bonne mère, bonne épouse, et si possible belle et éternellement jeune. Cela n’est pas sans conséquence de nos jours puisque c’est à cause de ces mêmes conceptions archaïques que les femmes qui sont trop compétentes au travail, trop vieilles, qui ne veulent pas d’enfants, qui sont libérées sexuellement ne sont peut-être pas brûlées, mais subissent toujours des remarques sexistes, des injustices salariales/sociales et sont victimes d’une certaine méfiance.

Quel est alors le rapport entre la figure de sorcière moderne et le féminisme ?

  • Les femmes considérées comme sorcières étaient avant tout des femmes de science, des femmes indépendantes et libres dans leur sexualité.
  • Les féministes combattent l’image qui leur a été attribuée au fil du temps et elles utilisent l’histoire de l’inquisition à des fins de sensibilisation et de débanalisassions de ce massacre qui a vu périr des millions de femmes.
  • La sorcière moderne est une femme qui utilise l’image de la sorcière pour faire valoir ses valeurs et intérêts tels que : la liberté, la recherche du pouvoir, l’égalité du sexe, l’accès à la connaissance, l’accès au monde politique et l’accès au monde de la science et au monde des hautes études.
  • S’approprier un terme négatif, haineux et puissant pour le détourner et utiliser sa puissance.

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